« Mais reste que la situation des librairies indépendantes dans les centres d'achat demeure préoccupante, car ces derniers sont très gourmands et demandent qu'un certain chiffre d'affaire soit atteint, pour ensuite prendre un pourcentage sur ce chiffre », expose Mme Fafard, à qui certains libraires ont chiffré de 7 à 10% cette part remise au gestionnaire de centre commercial.

La bonne nouvelle, c'est que si de 2012 à 2014, on parlait «d'hémorragie de fermetures» dans le milieu des librairies indépendantes tellement plusieurs d'entre elles mettaient la clé sous la porte, depuis 2014, « il n'y a presque plus de fermetures».

Selon la directrice générale, dès 2007, les contrecoups des rabais sauvages exercés par les grandes surfaces, telles que Wal Mart et Costco, et l'arrivée d'un nouveau joueur, Amazon, ont fortement secoué les librairies de quartier.

Contrairement à ce que l'on pense, ce n'est donc pas le livre numérique qui a ébranlé le château de cartes, puisqu'il ne représenterait que 2 à 5% des ventes, avance Mme Fafard. Quant à la vente en ligne de livres papier, difficile de la quantifier, puisque le joueur principal dans ce domaine, Amazon, ne dévoile pas ses chiffres.

« Oui, ça a grugé des parts de marché», affirme toutefois celle-ci.

40 fermetures

L'âge avancé des propriétaires de librairies indépendantes aurait pesé pour beaucoup dans l'équation qui a mené à la fermeture de 40 d'entre elles de 2009 à 2014 à travers la province, dont 11 en 2014.

« Ils n'ont pas réussi à vendre avant la retraite, explique Katherine Fafard. Quand on sait que le bénéfice est seulement de 1%, cela démontre que d'être libraire est un métier de passion et non une façon de s'en mettre plein les poches.»

Le retour à l'achat local depuis les deux dernières années a été favorable aux librairies indépendantes, croit-elle.

« Les gens veulent acheter dans des entreprises impliquées dans la communauté. Même si la politique de prix réglementaire du livre n'a pas été adoptée en 2014, un plan d'action a été mis de l'avant et a permis l'accès à des subventions, par exemple.»

Chiffre d'affaire en hausse

Selon les plus récentes statistiques compilées par l'Institut de la statistique du Québec, en date d'octobre 2016, les librairies indépendantes ont enregistré une hausse de 3,2% de leur chiffre d'affaire comparativement à l'année précédente.

Tandis que les librairies à succursales démontrent une baisse de 2,7% et les grandes surfaces à rabais, une diminution de 12,8%.

Native de Repentigny, Katherine Fafard rappelle que Librairie Renaud-Bray n'en est pas à une concurrence déloyale près et espère un dénouement positif pour la librairie qui occupe un local aux Galeries Rive Nord depuis plus de 40 ans.

« Le milieu des librairies et un écosystème fragile. C'est certain qu'il y a la loi du libre marché, mais il devrait y avoir quand même un certain respect entre tous les acteurs», conclut-elle.

Aucun répit à Librairie Raffin aux Galeries Rive Nord

Dans le cadre du litige opposant Librairie Raffin à Cominar, propriétaire des Galeries Rive Nord, les dirigeants du centre commercial demeurent inflexibles par conséquent Librairie Raffin doit quitter le 31 janvier prochain.

Rappelons que Cominar a choisi de ne pas renouveler le bail de Librairie Raffin aux Galeries Rive Nord, établi au centre commercial depuis 40 ans, et que le gestionnaire a plutôt l'intention de louer ce même local à Librairie Renaud-Bray.

« Librairie Raffin a tout tenté pour continuer à desservir sa fidèle clientèle et maintenir la librairie et ses emplois aux Galeries Rive Nord. Les dirigeants des Galeries Rive Nord, soit Cominar, par leur intransigeance, ne présentent aucun intérêt à conserver un commerce qui respectait pourtant son bail, le paiement de son loyer et qui était fortement apprécié de sa clientèle », mentionne Librairie Raffin par voie de communiqué.

Librairie Raffin, qui a présenté une demande d'injonction plus tôt ce mois-ci auprès de la Cour supérieure, va continuer ses procédures judiciaires contre Cominar et Renaud-Bray afin de faire valoir ses droits.