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08 mars 2017

Déconstruire les stéréotypes, un pas à la fois

©TC Media - Olivia Nguonly

JOURNÉE DE LA FEMME. Elsy Victoria Munoz Morales se souvient de personnes âgées faisant du vélo à Montréal, lors de sa première visite au Québec, il y a de cela 30 ans. « La façon dont on traitait les femmes et les personnes âgées ici m'a conquise », sourit la femme d'origine mexicaine établie dans la Belle province depuis 25 ans. Pour d'autres raisons, Perpétue Robert et Fatima Attar ont aussi quitté leur terre natale il y a respectivement 14 ans et quatre mois.

« Je suis venue pour l'avenir de mes enfants», partage Mme Robert, née à Haïti. Jeune mariée à l'époque, même si elle occupait un bon emploi et qu'elle avait des diplômes en poche, Perpétue croit que ses enfants à naître auraient assurément une meilleure qualité de vie au Canada.

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Il faut partager les tâches, même lorsque la femme est mère à la maison, et déconstruire ce que les hommes ont appris ou vu depuis l'enfance. Oui, le féminisme nous a amenées à travailler, mais il ne faut pas oublier qu'on continue à s'occuper de la maison -Cynthia Allaire, intervenante au SAFIMA, mère de deux enfants et épouse d'un homme d'origine haïtienne

Quant à Mme Attar, rien ne la prédestinait à quitter son Algérie natale en novembre dernier. En effet, la jeune femme avait complété une maîtrise en langue allemande et s'apprêtait à poursuivre ses études au doctorat, avant de se diriger vers l'enseignement. C'est finalement l'amour qui l'a conduite jusqu'au Québec.

« J'ai connu mon mari en Algérie en 2006 et il est venu travailler ici ensuite», détaille celle qui l'a suivi.

Si pour l'Algérienne, la condition de la femme dans son pays n'est pas tellement différente de celle qu'elle observe en Amérique du Nord, pour la femme d'origine mexicaine, c'est le jour et la nuit. « En Algérie, les femmes ont tous les droits; on peut voyager seule, s'habiller comme on veut, se voiler ou pas, occuper différents emplois, même être ministre… On est libre et on fait ce que l'on veut», illustre Mme Attar.

Les souvenirs qu'a Elsy Victoria de son pays sont tout autres. Elle se remémore un événement qui en dit long sur le rôle des femmes au Mexique. « J'avais demandé à mon père de pouvoir étudier au secondaire et il m'a demandé à quoi ça servirait puisque je ne ferais que faire à manger et changer des couches.»

En fin de compte, la femme ricane en pensant au fait qu'elle a étudié toute sa vie et n'a jamais eu d'enfant ni de mari.

En Haïti, Perpétue Robert croit que si on ne valorisait pas l'éducation chez les filles il y a quelques années, il y a eu une grande évolution de ce côté. Toutefois, l'homme haïtien est encore perçu comme le pourvoyeur alors que la femme voit au bien-être des enfants et au maintien de l'ordre dans le foyer, et ce, même si elle aussi travaille.

Femmes soumises et concubinage

Les trois femmes qui fréquentent le Service d'aide à la famille immigrante  de la MRC de L'Assomption (SAFIMA) ont quand même été témoins de la réalité de certaines femmes dans leur pays d'origine qui ne sont pas monnaie courante en Amérique du Nord.

«Il y a des femmes soumises en Algérie, admet la multilingue, mais ce n'est pas dominant. C'est à cause d'hommes qui ont mal compris l'Islam et choisissent de l'interpréter à leur façon.»

«Plusieurs femmes vivent en concubinage à Haïti. Il y a des hommes riches qui en plus de leur femme, font vivre leurs maîtresses », explique Perpétue, en ajoutant que la fortune de l'homme joue un grand rôle dans l'équation.

Déconstruire les stéréotypes

Même si dès leur enfance Elsy Victoria, Perpétue et Fatima se sont vu imposer certaines valeurs en lien avec leur genre, soit que la femme devait savoir cuisiner, entretenir une maison et élever ses enfants, elles remettent aujourd'hui les pendules à l'heure au sein de leur noyau familial.

Mère de trois adolescents, Perpétue les initie aux tâches ménagères et leur fait suivre ce qu'elle appelle «ses formations», où ils apprennent certains rudiments de la cuisine.

«Pendant mon congé de maternité, j'allaitais mon bébé et une fois par semaine, lorsque mon mari revenait du travail, je lui laissais notre enfant et j'allais juste prendre l'air, me changer les idées », continue-t-elle, mentionnant que ce type de comportement serait inacceptable dans son pays.

« Il faut partager les tâches, même lorsque la femme est mère à la maison, et déconstruire ce que les hommes ont appris ou vu depuis l'enfance. Oui, le féminisme nous a amenées à travailler, mais il ne faut pas oublier qu'on continue à s'occuper de la maison», affirme Cynthia Allaire, intervenante au SAFIMA, mère de deux enfants et épouse d'un homme d'origine haïtienne.

Elles s'entendent toutes pour dire que ce sont aux femmes de provoquer le changement. « Nous, les femmes, nous éduquons les adultes et donc les hommes de demain, alors nous devons briser ce modèle de la femme ménagère. On ne va pas changer l'histoire, mais un pas à la fois, graduellement, on peut amener les hommes à s'impliquer là où ils ne le faisaient pas avant. »

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