Le premier est âgé de 13 ans, tandis que la seconde en est à son 90e printemps. Mais, bien que des décennies les séparent, l’un et l’autre avaient tout à s’apporter. Surtout, lorsqu’on les écoute parler, on comprend que la bonté a toujours la cote et que d’entre toutes les laideurs du monde germent encore des initiatives qui mettent irrémédiablement le sourire aux lèvres et la larme à l’œil.

Donc, leur histoire débute lorsque Zackary apprend qu’il devra réaliser un « service par l’action » dans le cadre de son cours de français de 1ère secondaire au Programme d’éducation intermédiaire (PEI) de l’école Jean-Baptiste-Meilleur. Après avoir écouté et analysé la chanson Février de Vincent Vallières, les élèves de Kim Germain sont appelés à poser un geste visant à rendre plus doux le mois de février pour une ou des personnes dans la communauté.

Un cadeau de la vie

« J’ai décidé d’aider ma voisine. C’est la première personne à qui j’ai pensé, vu que je croyais qu’elle avait besoin d’aide », se rappelle Zackary Côté-Poirier. Timide de nature, le jeune garçon a pris son courage à deux mains afin d’aller frapper à la porte de Mme Chèvrefils. « J’étais surprise [d’avoir cette proposition], admet d’emblée Thérèse Chèvrefils, en se remémorant la scène. J’étais contente; un garçon, un jeune, allait s’occuper de moi, une dame de 90 ans. » Pour cette dame vivant seule, cette proposition signifiait beaucoup.

À partir de ce moment, Zackary, avec l’aide de ses parents, Karine Poirier et Jean-François Côté, a commencé à cuisiner des petits plats chaque semaine pour alléger la tâche des repas de la dame âgée. Et bien que son projet aurait pu se limiter à cela, Zackary a choisi de pousser son implication un peu plus loin; au grand bonheur de Mme Chèvrefils, qui répète à maintes reprises que l’arrivée de Zackary dans sa vie fut un « vrai cadeau de la vie ».

En effet, ce dernier est spontanément allé pelleter l’entrée de sa maison lors des bordées de neige, en plus d’aller lui offrir de petites attentions aux occasions spéciales. « Il m’a fait une surprise à Pâques, raconte-t-elle, la voix chargée d’émotions. Moi, je n’avais pas eu de visite; j’étais toute seule et je n’avais pas mangé de chocolat. Il est venu me porter un lapin en chocolat. Il est très attentif. » À plusieurs moments, lorsqu’elle parle de Zackary, la voix de Thérèse Chèvrefils se casse dans un sanglot étouffé. Celle qui est habituée à se débrouiller seule le plus clair du temps a du mal à assimiler toute cette générosité dirigée vers elle. « Je ne veux rien obliger; je ne veux pas ambitionner, s’inquiète-t-elle, mais qu’il veuille continuer c’est un vrai cadeau. Je suis très fière de lui. »

Généreux de nature

Si la bonté dont fait preuve leur fils rend très fiers ses parents, ces derniers n’en sont toutefois pas étonnés. « Zackary a toujours été généreux de nature. Il a toujours partagé ses choses, avec son petit frère entre autres. C’était déjà en lui le partage et d’être là pour les autres. C’est un garçon très empathique », souligne sa mère, Karine Poirier.

« C’est le fun de voir un garçon de son âge qui va aider sa communauté. On l’encourage à continuer, car ça ne peut que lui apporter du bien et de bonnes valeurs. Il a un grand cœur, Zackary », de renchérir son père, Jean-François Côté, visiblement fier.

Corroborant les dires de ses parents, le garçon affirme qu’il a décidé de sa propre initiative de poursuivre sa relation d’aide auprès de Mme Chèvrefils après le mois de février. En plus des repas hebdomadaires, celui-ci demeure à l’écoute des besoins de sa voisine afin de trouver différentes manières de l’aider au quotidien. Cet été, il envisage notamment de mettre les mains à la terre afin de lui offrir du soutien pour l’entretien de son jardin.

Si Zackary est aussi dévoué, c’est parce que le fait de donner de son temps s’est avéré tout aussi enrichissant pour lui. « J’ai appris beaucoup de choses. Déjà, j’ai appris à cuisiner, car je ne le faisais pas avant. J’ai persévéré et je le fais de mieux en mieux. J’ai aussi appris de nouvelles valeurs en moi; que j’aime aider les autres et les voir heureux », partage l’étudiant.

La persévérance dont fait preuve Zackary dans l’accomplissement de ses bonnes actions ne cesse d’ailleurs de fasciner Mme Chèvrefils qui reconnait qu’il s’agisse d’un grand défi pour les jeunes adolescents. « J’ai été enseignante. Je connais les jeunes et souvent à cet âge-là, ça lâche ! » lance-t-elle en riant.

Un projet essentiel

Ne pouvant passer sous silence la bienveillance dont faisait preuve Zackary envers elle, Thérèse Chèvrefils a rédigé une lettre à l’attention de son enseignante. « Je vous félicite pour ce programme qui inculque des belles valeurs à vos petits. Il m'a dit qu'il s'est valorisé, il a acquis de la confiance en lui et de la persévérance. Ce sont des valeurs qui le démarquent et qui vont lui suivre dans tout son cheminement », peut-on notamment y lire. En plus de souligner l’attitude exemplaire de Zackary, elle désirait mentionner aux enseignants que ce projet était très important; qu’il avait le pouvoir de faire une différence dans la vie des gens et que celui-ci devait absolument se poursuivre.

Alors que le printemps arrive avec la promesse d’innombrables autres moments doux pour Thérèse Chèvrefils, Zackary Côté-Poirier est plus déterminé que jamais à offrir le meilleur de lui-même pour semer des parcelles de bonheur autour de lui. « Je suis contente que Zackary ait pris la décision de poursuivre. Je pense que ça lui fait plaisir de faire plaisir à Mme Chèvrefils, alors il se dit : je veux voir ce sourire-là toutes les semaines », de conclure Karine Poirier. Paroles auxquelles Zackary acquiesce sans hésiter.