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05 octobre 2017

« Il mérite sûrement un monument » - Denis Archambault

LOUISE BOURGET - equiperedaction@tc.tc

©Photo gracieuseté

HOMMAGE. Quand on connaît quelqu’un depuis 40 ans et qu’on le voyait toutes les semaines, au cours des dix dernières années, on peut comprendre que le décès de cette personne vienne chambouler notre vie. C’est le cas de Denis Archambault, le propriétaire de la galerie d’art du même nom à Lavaltrie, qui ne réalise pas encore que son ami Tex Lecor n’est plus là.

« Il va me manquer, mais il continue à vivre par le biais de ses tableaux », lance-t-il d’emblée. Il ajoute : « C’est un géant, un gars aux multiples talents, il n’y a pas d’équivalent. Comme peintre, l’avenir le dira, mais c’est l’un des plus grands que nous avons connus. En plus, il a fait rire le Québec avec ses insolences d’un téléphone, il a composé des chansons, des classiques, comme Noël au camp et plusieurs autres. »

En parlant de chansons, le propriétaire de la galerie d’art se souvient que son ami a composé Ste-Scholastique Blues, qui portait sur les expropriations, en 1969, qui ont précédé la construction de l’aéroport de Mirabel. « Le pauvre monde, ces gens ont été dépossédés de leurs terres. C’est ça, Tex Lecor. C’est la même chose dans ses tableaux, on retrouvait une forme d’humour, mais aussi des messages. »

Pour son ami de longue date, la symbolique qui revenait régulièrement était représentée par des mains disproportionnées, plus grosses que normalement. « Pour lui, c’était bien important. Que ce soit une bagarre de taverne, des cultivateurs, des bûcherons, les grosses mains symbolisait un peuple qui a trimé dur », raconte Denis Archambault.

©Photo gracieuseté

Pour Tex Lecor, la symbolique qui revenait régulièrement était représentée par des mains disproportionnées, plus grosses que normalement.

Avec sa galerie d’art, ce dernier s’est lié rapidement d’amitié avec l'artiste peintre. « J’allais chez lui pour voir s’il n’avait pas quelque chose de nouveau et, en même temps, on parlait de tout et de rien : les nouvelles, le Canadien pour qui ça n’allait pas bien, la politique, de sa vie. C’est quelqu’un qui mérite sûrement un monument. Je vais dire comme l’un de ses grands amis Louis-Paul Allard, au moment où on déboulonne plein de monuments, il est temps d’en ériger un pour Tex Lecor, car c’est quelqu’un hors du commun. »

Denis Archambault confie que ça lui faisait le plus grand bien d'aller chez lui. « Ça m’énergisait. Comme on dit, en bon Québécois, je lui tirais les vers du nez. Je lui tendais une perche et, lui, il embrayait. Il me contait plein d’histoires avec ses chums Roger Beaulu, Louis-Paul Allard, des histoires de pêche, des tours qu’il jouait, des spectacles qu’il a donnés avec Claude Blanchard. J’avais toujours beaucoup de plaisir. »

Le cœur sur la main

Selon ses propos, Tex Lecor avait une grande qualité. « Il était très généreux et plusieurs personnes le sollicitaient à tout bout de champ, dont maman Dion et son organisme [Fondation maman Dion]. Chaque année, il lui donnait une toile. La même chose pour le commandant Robert Piché qui avait sauvé plein de monde [atterrissage d'urgence d'un Airbus d'Air Transat aux Açores, en 2001, en raison d'une fuite de carburant] qui le sollicitait pour le mouvement des Alcooliques anonymes, dont il fait partie. »

Denis Archambault souhaiterait que le public se souvienne que Tex Lecor était un vrai peintre : « Il a fait ses beaux-arts et, par la suite, comme pour n’importe quel artiste, c’était difficile de vendre ses tableaux. Mais lui, il avait plusieurs cordes à son arc, il est devenu chansonnier, il a fait plein d’affaires, mais il a toujours peint. »

Le propriétaire de la Galerie Archambault se souvient que Tex Lecor avait toujours sur lui un calepin et un crayon. « Quand il voyait quelque chose d’intéressant, il ne prenait pas une photo, il faisait un sketch, un dessin de ce qu’il voyait. Ce n’était pas long, deux ou trois minutes, puis pour lui c’était suffisant pour en faire un tableau. »

Boîte à souvenirs

Lors de leur rendez-vous hebdomadaire au cours des dix dernières années, Tex Lecor a eu l'occasion de raconter plusieurs anecdotes au grand plaisir de son ami. Ainsi, lors d’une élection provinciale, René Lévesque a fait le tour du Lac Saint-Jean et c’est Tex Lecor qui était le chauffeur attitré. « Ils ont dû avoir ben du fun », ajoute M. Archambault.

Tex Lecor a aussi reçu certaines décorations, dont la médaille de l’Ordre de la pléiade [ordre de la Francophonie et du dialogue des cultures], en 2010, décernée à des gens qui par leur métier et leur rayonnement ont été des défenseurs de la langue française.

Ce dernier a aussi formé un groupe de peintres avec qui il s’entendait bien, et des peintres d’un certain calibre, et il a appelé ce groupe-là la Norvitude, car plusieurs d’entre eux ont peint des parties nordiques du Québec.

C'est également le fondateur et le premier président de l’Institut des arts figuratifs (AIF), un regroupement d’artistes qui, en plus de faire la promotion de l'art figuratif de qualité, visait à faire connaître les artistes peintres et sculpteurs œuvrant spécifiquement dans ce champ des arts visuels.

©Photo gracieuseté

Tex Lecor avait plusieurs cordes à son arc, mais il était d’abord et avant tout un artiste peintre.

Le mot de la fin revient à M. Archambault : « Merci pour tout ce qu’il m’a apporté. Quand on côtoie des gens comme ça, ça nous fait grandir tout simplement! Ce qu’il est important de mentionner, c’est toute la beauté de ses tableaux et la beauté c’est très positif. Comme je le dis à mes clients, je ne vends pas des tableaux, mais je vends du bonheur! »

Oui, c’est une figure de style, mais pour Denis Archambault, un inconditionnel des œuvres de son ami Tex Lecor, elle lui sied à merveille.

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