« Clairement, l'accusé avait un comportement envahissant de tous les instants qui requérait obéissance. L'accusé avait sur elles une mainmise et une emprise sur leurs mouvements », a relevé le juge Normand Bonin, dans le prononcé de son jugement à l'encontre de Donald Valcourt, 36 ans.

Logées chez lui

Entre juillet et octobre 2015, Donald Valcourt a logé chez lui, à Mascouche, Joannie* et Alexandra* et les a menées à se prostituer à son unique bénéfice dans un motel de Terrebonne dont il avait en permanence la clé de la chambre où elles offraient leurs services sexuels.

Pendant ces trois mois, il s'est d'abord prêté à de la flatterie et à des cadeaux envers Joannie, pour en finir à atteindre son estime personnelle en l'intimidant, la menaçant, la violentant et en la contrôlant, l'emmenant ainsi à se soumettre à ses demandes.

Des flatteries aux gestes violents

L'accusé s'était en effet montré très doux envers Joannie quand ils se sont d'abord rencontrés via un réseau social. Il lui affirme alors combien il la trouve belle.  Après quelques rencontres, il l'invite à loger chez lui, à Mascouche.

Joannie constate qu'il vit avec une colocataire, Alexandra. Elle remarque que l'accusé emmène souvent Alexandra à l'extérieur, mais elle croit que ce n'est que pour faire des emplettes. Ce n'est que plus tard qu'elle réalise qu'Alexandra offre des services sexuels au profit de l'accusé.

Chez l'accusé, Joannie est d'abord traitée aux petits oignons. Donald Valcourt lui fait son petit déjeuner, lui fait miroiter une vie de rêve. Il l'emmène même en voyage au Mexique. Or, les choses se corsent en voyage. Il devient violent. Joannie craint d'être laissée là-bas. Au retour, elle met la faute de la violence qu'elle a subie sur la consommation d'alcool et de drogue de l'accusé.

Insistant

Donald Valcourt lui fait alors part que le voyage a coûté cher et qu'il faut payer les dépenses courantes. Il lui demande de se prostituer. Elle refuse. Il devient insistant. Il lui fait miroiter qu'elle fera ainsi beaucoup d'argent et qu'ils pourront rapidement s'acheter une maison ensemble. Joannie finit par accepter de se prostituer. Elle est en amour avec l'accusé et elle se dit que plus vite ils auront de l'argent, plus rapidement ils auront leur maison.

Rapidement, elle doit remettre l'entièreté de ses bénéfices à l'accusé, qui prétend gérer l'argent pour l'achat de leur future résidence.

Contrôle

C'est Donald Valcourt qui fixe les tarifs des services sexuels. Il la prend en photo et gère sa publicité sur un site internet. C'est lui qui répond aux clients qui communiquent via Internet. Si un client téléphone, il dicte à Joannie quoi dire.

Joannie doit être disponible 24 h/24 h pour répondre aux demandes des clients. C'est la même chose pour Alexandra. C'est l'accusé qui les transporte dans sa voiture de luxe pour chacun de leurs rendez-vous au motel de Terrebonne.

Il arrive à l'accusé de frapper Joannie et Alexandra. Joannie dit avoir déjà vu Donald Valcourt tenté d'étrangler Alexandra. Quant à elle, il l'a déjà frappé en lui disant qu'elle était fautive parce qu'un condom avait déchiré lors d'un rapport sexuel avec un client.

Tentative de fuite

Un peu après la fin septembre, Joannie tente de fuir une première fois, mais elle est confuse quant à ses liens avec l'accusé. Elle l'appelle et l'informe où elle est. Il se montre réconfortant au téléphone, mais il est immédiatement agressif quand il la rejoint et il la frappe.

Au retour à son domicile à Mascouche, il lui brise son cellulaire et lui retire son passeport et sa carte d'assurance maladie. Le lendemain, il recommence à lui prendre des rendez-vous avec des clients.

Dès lors, il la suit constamment. Joannie croit qu'elle ne peut plus rien faire pour se sortir de cette situation.

Elle décide de fuir une deuxième fois. Elle se rend finalement à Granby où l'accusé la retrouve et la force à se prostituer dans un motel de l'endroit pour son unique bénéfice.

Le 25 octobre 2015, elle réussit à se sauver chez un voisin et elle appelle la police.

Donald Valcourt a alors été arrêté dans sa voiture, avec 11 enveloppes réunissant plus de 10 000 $ en argent. Il avait aussi en sa possession le passeport de Joannie et le sien, ainsi qu'un bâton télescopique.

Exploitées

« La preuve démontre hors de tout doute l'exploitation de [Joannie et d'Alexandra] pour des gains, estime le juge Normand Bonin. La violence utilisée contre chacune d'elles, le contrôle des horaires, la remise obligatoire de l'argent gagné, caché les pièces d'identité,  constituent des gestes de contrôle en vue de les exploiter. »

En plus d'avoir été reconnu coupable de traite de personne et de proxénétisme, Donald Valcourt a aussi été déclaré coupable de séquestration, de voie de fait, d'avoir obtenu un avantage matériel sachant qu'il provenait de la prostitution, de port d'arme dans un dessein dangereux, de possession de biens criminellement obtenus et d'avoir communiqué avec l'une des victimes alors qu'il le lui était interdit.

Il doit revenir en cour dans quelques semaines pour les représentations sur la peine.

*Joannie et Alexandra sont des noms fictifs afin de protéger leur réelle identité.