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30 avril 2024

Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca

Sports de glace : la modification d’une politique soulève le débat

Aréna de L’Assomption

Aréna de L'Assomption

©Photo Marie-Christine Gaudreau

Les résidents de L’Épiphanie, Saint-Sulpice et Charlemagne doivent se rendre à l’Aréna de L’Assomption pour pratiquer leurs sports de glace.

Traditionnellement, les résidents de L’Épiphanie, Saint-Sulpice et Charlemagne utilisent l’Aréna de L’Assomption pour pratiquer leur sport de glace favori, notamment le hockey et le patin. N’ayant pas de telle infrastructure sur le territoire de leur municipalité respective, il en va de soi. Or, dans les dernières années, le coût de la surprime pour les non-résidents a grimpé en flèche. Si bien que les municipalités qui avaient l’habitude d’absorber la surprime pour leurs citoyens ont récemment pris la décision de limiter leur contribution; semant ainsi l’émoi dans la communauté sportive.

« Je dois prendre une décision à savoir si je change de club ou non », lance d’entrée de jeu Amélie Théorêt, une résidente de L’Épiphanie. Deux de ses enfants et elle-même pratiquent le patinage artistique au Club de patinage artistique (CPA) de L’Assomption.

Non pas qu’elle ait réellement envie de changement, mais l’escalade des coûts pour sa famille est non négligeable; si bien qu’une réflexion sérieuse s’impose. Cette année, la surprime exigée par la Ville de L’Assomption pour les non-résidents s’élevait à 1082 $ par participant. À partir de l’an prochain, la Ville de L’Épiphanie limitera sa contribution à 500 $ par enfant, en vertu des modifications apportées à sa Politique de soutien à l’usager. Cette décision, affirme-t-on à la Ville de L’Épiphanie, a été prise dans « un souci d’un meilleur partage des budgets disponibles pour l’ensemble des activités pratiquées par les résidents ».

Or, pour la famille d’Amélie, cette annonce de sa ville est tombée comme un coup de masse. Cela représentera un montant à payer de 2245 $ en surprime seulement, puisqu’elle doit déjà assumer la totalité de sa surprime; la politique de soutien ne s’appliquant pas aux activités des adultes. À cela s’ajoutent les frais d’inscription de quelque 1100 $ pour la saison.

« Je ne sais pas si je suis capable d’absorber ce montant, admet-elle. Je suis d’accord avec le concept de surprime, mais d’une telle ampleur, ouf ! » À son avis, le CPA de L’Assomption perdra de nombreux patineurs au détriment des autres clubs des environs si cette décision est maintenue. Si elle n’avait pas cet attachement particulier avec son club, reconnaît-elle, il s’agirait d’une décision évidente.

Décision difficile

En effet, pour Amélie Théorêt le choix n’est pas si simple. Elle s’entraîne depuis 28 ans aux côtés de la même coach, en plus d’être elle-même entraîneuse depuis 17 ans. « C’est difficile de changer de club après autant d’années, mais plusieurs de mes élèves me disent qu’ils vont arrêter [le patin] si ça continue comme ça. »

Dans les circonstances, elle insiste sur le fait que tous les acteurs devraient s’asseoir ensemble pour trouver des solutions, sans quoi des centaines d’enfants verront leur participation à leur sport de prédilection mise en péril. « Je veux rester à L’Assomption, mais tout dépend de la surprime que j’aurai à payer », réitère-t-elle, dans un cri du cœur pour que son message soit entendu des décideurs.

Amélie Théorêt

©Photo gracieuseté - Amélie Théorêt

Amélie Théorêt s’inquiète de l’impact financier qu’aura sur sa famille cette hausse faramineuse des coûts pour patiner avec ses enfants.

Même son de cloche au hockey

Les familles affectées par ces changements sont effectivement nombreuses. Outre le patin artistique, le hockey mineur essuie aussi les contrecoups de cette mesure. L’Organisation CLL qui couvre le territoire de L’Épiphanie, Saint-Sulpice et Charlemagne compte 142 joueurs dans ces trois municipalités. « C’est inquiétant, car des jeunes pourraient être intéressés d’aller jouer ailleurs », souligne à l’Hebdo Rive Nord le président du hockey mineur CLL, Denis Aubé.

« Ça prend une dérogation de notre hockey mineur, car ils appartiennent à notre territoire, mais je serais mal placé de refuser. Je fais du hockey pour les jeunes, pas pour moi. Je ne brimerai pas un jeune dont le parent a moins d’argent, mais d’un autre côté, je vais perdre des inscriptions », poursuit-il.

Alors que les inscriptions pour l’automne ouvriront dans les prochains jours, M. Aubé implore tous les acteurs concernés de s’attarder à cet enjeu pour y trouver des solutions. En plus de se questionner quant aux calculs faits par la Ville de L’Assomption pour établir la surprime, il se désole que les autres municipalités n’aient pas cru bon de consulter les organisations sportives avant de rendre leur décision lourde d’impact.

Au hockey mineur CLL, on travaille d’arrache-pied, mentionne M. Aubé, pour minimiser le poids financier du hockey pour les familles. « Ça va faire 7 ans qu’on n’a pas augmenté nos frais de cotisation. On est les plus bas de la région », explique le président. Celui-ci est d’autant plus sous le choc de cette décision qui vient contrecarrer les efforts du club.

« Ce n’est pas aux citoyens de la Ville de L’Assomption de financer les autres villes. » - Sébastien Nadeau, maire de L’Assomption  

Les villes à l’écoute

Craintif de voir son club s’éroder de ses membres l’an prochain, Denis Aubé a pris les choses en main en allant à la rencontre des maires de chacune des municipalités. Bien que ceux-ci se soient montrés réceptifs, les solutions se laissent toujours attendre.

Du côté de L’Assomption, le maire Sébastien Nadeau est catégorique : il ne reculera pas sur la hausse graduelle de la surprime annoncée aux municipalités en 2017. Cet ajustement était devenu nécessaire pour « assurer l’équité pour nos citoyens qui eux paient l’infrastructure par leur taxation », indique M. Nadeau. La réalité étant que les coûts d’entretien d’une Aréna sont faramineux et que l’écart s’était creusé au fil des ans entre le prix payé par les municipalités et le coût de revient réel.

Il croit toutefois qu’il est tout aussi nécessaire de provoquer les discussions afin que les objectifs de toutes les parties puissent être atteints, et ce, dans le meilleur intérêt des jeunes. « Est-ce qu’on peut tenter d’amortir la décision sur plusieurs années ? suggère-t-il. Tout le monde doit s’adapter dans cette réalité, mais c’est sûr que la situation doit changer. »

Une question d’équité

Enfin, aux municipalités de L’Épiphanie et de Saint-Sulpice, on assure que ce n’est pas de gaité de cœur que cette décision a été rendue. « Le but n’est pas de couper dans les loisirs, mais bien de ramener l’équité pour tous les jeunes qui pratiquent d’autres sports », a précisé le maire de Saint-Sulpice, Steve Mador.

« Ça nous chicotait depuis 4-5 ans, rapporte pour sa part le directeur des loisirs à la Ville de L’Épiphanie, Pierre Picard. Les coûts montaient pour les sports de glace et la situation devenait inéquitable. » S’il est conscient que ces modifications à la politique affecteront négativement certaines familles, il est convaincu que l’élargissement de la politique aura un impact positif sur un bien plus grand nombre. Dans les deux cas, les municipalités réinvestiront l’argent soustrait des sports de glace afin de subventionner d’autres sports.

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