Des bénévoles au cœur d’or

Ils sont une douzaine. Ils sont les maillons d’une grande chaîne de solidarité. Ensemble, ils veillent à ce qu’aucun aîné ne soit contraint de vieillir seul. Tous les jours, des Ghislaine et des Amédée pansent les cœurs attristés et peignent des rayons de soleil sur les matins gris de solitude. Portraits de bénévoles au cœur jeune et bienveillant.

De passage au Vieux Palais de L’Assomption, l’Hebdo Rive Nord a rencontré Ghislaine Pharand, Amédée Poitras et Ghislaine Cochrane; trois personnes au parcours différent, mais dégageant la même aura de fierté lorsqu’ils parlent de leur expérience de bénévolat. « Les personnes âgées parfois n’ont pas de famille, alors les seuls contacts qu’ils ont ce sont avec les personnes qui appartiennent à l’association », remarque Ghislaine Pharand, fière bénévole des Services Amitiés L’Assomption (SALA) depuis plus de 40 ans. Avec la fondatrice, Françoise Mayrand, elle a posé les premières pierres de l’organisme qui viendrait répondre à un besoin déjà évident à l’époque: briser l’isolement chez les aînés de la communauté.

Aujourd’hui âgée de 73 ans, Mme Pharand ne pourrait s’imaginer un quotidien sans bénévolat. « C’est ce que j’ai trouvé difficile de la pandémie; le fait d’être isolée. Je vis seule et j’ai trouvé ça très dur. Heureusement qu’il y avait le téléphone. » Malgré les contraintes posées par cette période difficile, elle a maintenu son implication auprès des SALA en faisant des appels d’amitié aux membres de l’organisme. Ce service, tout comme les visites d’amitié et les dîners hebdomadaires, permet à un peu plus de 90 aînés principalement de L’Assomption et de L’Épiphanie de tisser des liens et de préserver une bonne santé globale.  

Pour plusieurs membres, le dîner hebdomadaire du mardi est une activité incontournable à leur horaire.

Le secret de la jeunesse

Lorsqu’on fait du bénévolat, « on ne sent pas qu’on a l’âge qu’on a. Dans ma tête, je n’ai pas cet âge-là », rigole la grande bénévole. Ghislaine Pharand prend indéniablement beaucoup de plaisir à faire le bien autour d’elle. Au-delà de la gratification et du sentiment d’être utile dans sa communauté, la bénévole reconnaît beaucoup d’avantages personnels à son implication. Avec sa grande affection pour les personnes aînées, c’est le besoin de socialiser qui l’a d’abord encouragé à offrir son temps pour les SALA alors qu’elle était jeune maman. « J’ai été une dizaine d’années à la maison à m’occuper de mon fils, mais je faisais du bénévolat, alors c’était correct. Ça me permettait de sortir et de rencontrer des gens. » Au fil des ans, elle s’est liée d’amitié avec de nombreuses femmes qui ont fréquentées les SALA. « Malheureusement, j’ai perdu beaucoup d’amies… », se remémore-t-elle. Ces épreuves, quoique toujours douloureuses, ne la découragent toutefois pas de poursuivre sa mission qui l’aide à demeurer jeune et en forme. Ghislaine Pharand compte bien demeurer active aux Services Amitiés, tant que sa santé le lui permettra.  À ses yeux, elle a tout autant à gagner en donnant aux autres.

Aider : une vocation

Pour Amédée Poitras, 93 ans, aider son prochain est un peu une seconde carrière. Retraité depuis l’âge de 59 ans, il compte aujourd’hui autant d’années au service de la communauté que sur le marché du travail. « À partir de ma retraite, j’ai fait du bénévolat au centre d’accueil à L’Assomption avec les personnes âgées, puis à la Popote Roulante et maintenant aux Services Amitiés depuis une dizaine d’années. J’ai toujours été dans le public. Le monde me manquait à ma retraite; et rester à ne rien faire, c’est une affaire pour mourir ! », s’exclame-t-il. Du haut de son âge vénérable, M. Poitras se proclame jeune de cœur. À l’instar de sa collègue, il estime être nourri de ses rencontres hebdomadaires, du sentiment de faire du bien et des liens d’attachement qu’il a développé avec certains membres.

À 93 ans, bien qu’il soit à l’écoute de son corps et de ses capacités, Amédée Poitras n’est pas prêt à tirer sa révérence. « Quand tu prends une responsabilité, tu essaies d’être présent autant que possible pour ne pas briser la chaîne. On est un maillon de la chaîne et quand un maillon manque, ça paraît. Il y a des gens qui se fient sur toi. » Sa flamme du bénévolat est encore bien ardente. Point besoin de mots pour le convaincre; le seul bonheur qu’il perçoit chez les membres qu’il côtoie lors des dîners et autres activités de l’organisme suffit à l’animer.  

Le dîner hebdomadaire représente aussi une occasion de socialiser et de jouer à des jeux entre amis.

Aidée à aidante

Ce n’est que très récemment que Ghislaine Cochrane a pour sa part rejoint l’équipe de bénévoles des Services Amitiés L’Assomption. La femme de 72 ans était néanmoins membre de l’organisme depuis un moment et participait aux dîners sur une base régulière. « C’est quelqu’un qui m’a amené ici (comme membre) et j’ai adoré. Un moment donné, sans qu’on me le demande, j’ai commencé à faire des petites affaires pour aider », explique celle qui a toujours aimé aider les gens autour d’elle. Sans s’en rendre compte, elle se taillait une place au sein de l’équipe de bénévoles. En plus de participer à la préparation de la salle et au service lors des dîners, elle réalise aujourd’hui des appels d’amitié et accompagne une dame présentant des signes d’Alzheimer et un trouble de l’équilibre pour prendre des marches dans la ville. « J’ai beaucoup de plaisir avec cette madame-là. Elle est drôle, elle est fine. On marche, on va prendre un café et parfois, on s’appelle », raconte Ghislaine Cochrane, les yeux scintillants. Son nouveau rôle de bénévole la comble. Aux SALA, elle a le sentiment d’être reconnue pour ce qu’elle a toujours été. « On pourrait dire que je suis née sur la terre pour aider. J’adore ça ! »

Les nouveaux membres, tout comme les nouveaux bénévoles, sont les bienvenus en tout temps. Info : Marie-Hélène St-Pierre, coordonnatrice, 514 793-0840 ou servicesamities@outlook.com.

À propos des Services Amitiés L’Assomption

Subventionné par le ministère de la Santé, l’organisme de L’Assomption œuvre pour la santé globale (physique, mentale, cognitive, etc.) des aînés de la communauté, notamment en favorisant le maintien à domicile le plus longtemps possible. Chaque semaine, les membres sont conviés à un dîner où ils peuvent socialiser et jouer à des jeux entre eux. Des ateliers de peinture et de yoga, des sorties et des séances d’information sur des thèmes qui touchent ou préoccupent les aînés sont aussi proposés.

En plus de briser l’isolement, les téléphones et les visites d’amitié permettent dans certains cas de dépister des négligences ou des enjeux de santé et de sécurité chez des membres qui peuvent ensuite être dirigés vers les ressources appropriées.