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29 octobre 2018

Crise des médias : l’éditrice de l’Hebdo Rive Nord réagit

véronique gauthier hebdo rive nord

©Photo Renée-Claude Doucet

Véronique Gauthier, directrice principale chez Groupe Lexis Media, propriétaire de 16 hebdomadaires locaux, dont l’Hebdo Rive Nord.

Nier les difficultés que vivent les médias locaux serait se mettre la tête dans le sable. L’heure est à l’autoexamen et l’engagement de tous, dont les gouvernements, affirme Véronique Gauthier, directrice principale chez Groupe Lexis Media propriétaire d’une quinzaine de journaux locaux à travers le Québec.

Dans une entrevue accordée en marge d’une lettre cosignée par un collectif de syndicats d’employés de la presse écrite, Véronique Gauthier souligne la réalité des éditeurs. « Les annonceurs se tournent vers les géants numériques Google et Facebook, mais ceux-ci ne participent pas à l’économie locale. Cette réalité à un impact direct sur les revenus des médias traditionnels écrits. », déplore Mme Gauthier.

« Cela affecte inévitablement le nombre de pages publiées et par le fait même, les salles de rédaction. 12 pages de moins, c’est environ une dizaine d’articles par semaine qui ne paraissent pas », relate celle qui dirige une quinzaine de journaux locaux de l’Abitibi à la Gaspésie, en passant par Lanaudière. Pourtant, moins de 8% des Canadiens croient encore que les journaux ne perdent pas d’argent en ligne (voir encadré).

L’information locale a diminué de moitié en dix ans, selon une autre étude pancanadienne publiée le mois dernier*. Dans un contexte où les fausses nouvelles pullulent et où l’instantanéité met à mal l’information fiable et vérifiée, la situation a de quoi préoccuper. Non seulement cela, mais qui d’autre pourrait assurer la couverture médiatique locale?

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« Nous sommes les seuls fournisseurs professionnels de nouvelles locales objectives, qui mettons en lumière les projets en cours, les gens qui se démarquent dans nos communautés ou qui couvrons les conseils municipaux par exemple. Si le journal disparaît, le grand perdant, c’est le lecteur. Qui informera les citoyens de ce qui se passe dans leur ville de façon neutre? Seul un journaliste de profession peut le faire si bien », affirme-t-elle.

Les solutions

Parmi les voies déjà empruntées par d’autres, le virage numérique à 100% ne fut pas aussi concluant qu’on l’espérait. « C’est que la monétisation d’un produit entièrement numérique, perdu dans un océan d’informations en ligne, est limitée et il devient très difficile de rentabiliser la production de contenu en qualité et en quantité », soutient Mme Gauthier.

Quel est le bon modèle alors? La réponse se trouve peut-être dans l’équilibre entre les plateformes traditionnelles, web et les réseaux sociaux, selon Mme Gauthier. « Nous sommes en train d’évaluer comment, avec ces outils numériques, maintenir et augmenter nos lecteurs en ligne et papier. Notre taux de lecture papier se situe à 73%, ce qui est un bon taux, mais on veut faire mieux », soumet la directrice.

On revient donc au lecteur. Augmenter son engagement et son attachement envers son journal local permettra de demeurer une plateforme publicitaire intéressante et rentable. « Si le lecteur est au rendez-vous, les commerçants y seront aussi pour nous supporter au niveau publicitaire. Il ne faut pas oublier que nous sommes un média distribué gratuitement, porte à porte, sans autre revenu. C’est encore le meilleur modèle », soutient Mme Gauthier.

Toutefois, il est évident qu’à l’heure actuelle, une aide extérieure sera aussi nécessaire. « L’information locale, ça nous coule dans les veines. Nous, les éditeurs, commençons à nous regrouper pour parler d’une même voix dirigée vers les gouvernements. Il faudra que ces derniers agissent aussi si on veut que la presse écrite locale demeure », conclut Mme Gauthier.

*« Attention aux espaces vides - Quantification du déclin de la couverture médiatique au Canada», Forum des politiques publiques

Les Canadiens et les médias

-Moins de 8% des Canadiens croient que les journaux perdent de l’argent en ligne

-Malgré une baisse remarquée, 48% des Canadiens s’informent via la plateforme Facebook. YouTube est en hausse à ce titre.

-9% des canadiens ont payé pour de l’information en ligne en 2018

-Près d’un Canadien sur cinq serait prêt à faire un don à une entreprise de presse si nécessaire.

(Source : Données canadiennes du « Digital news report 2018 », Centre d’études sur les médias)

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