Les Amandiers a tout changé pour Maude Rivière, qui vit avec un handicap physique depuis l'âge de 15 ans. «Dès 18 ans, j'habitais dans des familles d'accueil du Bouclier, mais malheureusement ça ne convenait pas du tout à la jeune fille active que j'étais, raconte la femme de 33 ans. On t'offre un lieu où habiter, mais ce n'est pas comme être chez soi».

De plus, elle affirme avoir changé d'endroit plusieurs fois, nuisant ainsi à ses études, qu'elle a d'ailleurs cessées. Ceci l'empêchait du même coup d'avoir une véritable vie sociale.

Avec l'ouverture des Amandiers en 2005, Maude avait l'occasion de «se prouver» qu'elle était capable de s'occuper de ses choses elle-même, tout en ayant accès à de l'assistance pour les soins quotidiens, sans contrainte d'horaire.

«Ce que cela signifiait pour moi, c'était la liberté. Je pouvais faire mon épicerie toute seule, cuisiner, recevoir des gens. Ça paraît simple pour vous, mais moi je n'avais pas cette liberté jusque-là», dit-elle.

Plus rien d'impossible

Maude a pu ensuite reprendre ses études, puisqu'elle ne dépendait plus de soins offerts à horaires fixes. En effet, des préposés en services d'aide à domicile sont sur place et offerts à la demande, 24 heures par jour, dans les 14 logements des Amandiers, situés dans le complexe du Manoir des Seigneurs.

Celle qui a choisi d'étudier en technique d'archives médicales pouvait envisager d'avoir une carrière professionnelle, ce qui n'était pas le cas avant. «Ce que cela m'a aussi apporté est la sécurité. Ne pas avoir à me demander où j'allais habiter et j'ai pu reprendre ma vie en main. En arrivant ici, il n'y avait plus rien d'impossible, il n'y avait plus de limite», témoigne-t-elle.

«Le modèle des Amandiers a fait ses preuves et fait des envieux dans d'autres régions», souligne la directrice de l'organisme Annie Lemay. C'est pourquoi elle souhaite élargir l'offre, mais aussi faire valoir les besoins des personnes handicapées physiques qui ne résident pas aux Amandiers.

Dans son Plan stratégique 2018-2020 adopté en début d'année, l'organisme a fait le point sur les besoins des personnes handicapées physiques du sud de la région. On souligne notamment que 60 personnes sont inscrites sur la liste d'attente pour obtenir une place.

Un troisième point de service à Terrebonne dans le secteur Lachenaie est d'ailleurs attendu dans le nouveau projet District Union. «Nous attendons une réponse pour un financement du ministère de la Santé, mais le temps presse, car nous avons jusqu'au 30 mars pour donner notre réponse au promoteur», fait savoir Annie Lemay, directrice de l'organisme.

«Présentement, les options sont limitées en terme d'hébergement pour personnes handicapées physiques et ceci inclut même le CHSLD. Imaginez un instant vivre en CHSLD quand on a 25 ou 30. À cet âge, on ne veut pas que ses voisins aient 82 ans et qu'ils soient atteints de démence», soutient Hélène Fortin directrice de l'Association des personnes handicapées physique Rive-Nord (APHPRN).

La moitié des besoins non comblés

Lors de consultations, l'organisme Les Amandiers a ciblé des besoins en matière de services aux personnes handicapées physiques, dont de l'aide et du répit aux proches aidants.

Parmi les autres besoins criants, ce sont les services d'aide à domicile. Selon une évaluation effectuée en 2017 par l'Office des personnes handicapées du Québec, «… 45% ont des besoins qui sont non comblés, soit parce qu'elles ne reçoivent aucune aide ou qu'elles en reçoivent, mais qu'elles ont besoin d'aide additionnelle».

Présentement les Amandiers offre des services à 10 membres aux Manoirs des Seigneurs à Repentigny et à 14 membres à la Symphonie du Boisé dans le secteur La Plaine.