20 décembre 2023
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
Le Front commun déclenchera-t-il une grève générale illimitée ?
Négociations

©Photo Marie-Christine Gaudreau
À quelques jours de Noël, le Front commun brandissait son mandat de grève générale illimitée dans l’ultime espoir de régler avant Noël aux différentes tables de négociations.
À quelques jours des Fêtes, bien que les négociations entre les différents représentants syndicaux et les instances gouvernementales se soient accélérées, aucune entente satisfaisante n’a pu émaner des multiples offres déposées par les parties impliquées. L’heure étant grave, les centrales syndicales formant le Front commun ont annoncé le 20 décembre le déclenchement d’une grève générale illimitée (GGI) en début d’année 2024, en l’absence d’entente de principe d’ici ce moment. Le Front commun passera-t-il de la parole aux actes ?
« Ça ne veut pas dire qu’on arrête les négociations, au contraire, a insisté le vice-président de la CSN, François Enault, en marge de cette annonce. Ce qu’on dit aujourd’hui au gouvernement, c’est qu’il est encore possible d’avoir un règlement d’ici la fin de l’année, mais il faut mettre les efforts et descendre les mandats nécessaires. »
Ce dernier a poursuivi en énumérant les principaux enjeux qui auront un impact sur le déclenchement ou non d’une GGI : « Il faut s’assurer que l’ensemble de nos travailleurs n’aient pas d’appauvrissement pour le prochain mandat, donc une clause d’indexation. Il doit aussi y avoir un enrichissement pour couper l’écart qui s’est creusé au fil des années entre les différents services et les différents secteurs au Québec. Il faut régler les problèmes des ouvriers spécialisés et aussi des assurances collectives à la table centrale. Je vous mets au défi de trouver un plombier ou un électricien à 16,55 $ de l’heure au Québec. Vous n’en trouverez pas, à part dans les services publics », a-t-il martelé.
Le président de la CSQ, représentant la majorité des enseignants québécois, Éric Gingras, a pour sa part dénoncé l’attitude du gouvernement qui fait, selon lui, « beaucoup de tapage, pour peu de résultats ».
« Non seulement le gouvernement doit s’occuper des travailleurs, mais il a l’opportunité de s’occuper des Québécois qui méritent de meilleures conditions. Laisser trainer la négociation c’est de ne pas s’occuper de la population », a-t-il suggéré. En plus des salaires, l’enjeu de la composition des classes demeurerait un point crucial auquel des solutions devaient être trouvées à ce stade-ci.

©Photo Marie-Christine Gaudreau
La dernière séquence de grève du Front commun s'est déroulée du 8 au 14 décembre derniers.
S’attaquer aux vrais problèmes
De son côté, le président de l’APTS, Robert Comeau, a expliqué que ses membres étaient décontenancés de voir l’incompréhension du gouvernement quant à l’urgence de la situation. « Ça fait des années qu’on prédit la pénurie qu’on vit actuellement; qu’on voit la main-d’œuvre indépendante qui s’installe partout dans nos réseaux; sans compter le refus du gouvernement de parler des disparités régionales », a-t-il souligné entre autres enjeux au cœur des négociations actuelles.
« On n’acceptera pas des conditions d’emploi qui ne vont pas améliorer nos réseaux », a renchéri la présidente de la FTQ, Magali Picard. Il est aussi important que les employés de soutien ne soient pas oubliés dans cette négociation. » À l’instar de ses collègues à la table, la représentante a témoigné de sa volonté à régler avant les Fêtes, mais pas à n’importe quel prix.
« Tout le monde veut une entente de principe avant Noël, mais pas une entente qui fera en sorte que rien ne va changer; que nous allons rester dans des réseaux qui sont déficients. Ça prend des améliorations. On demande donc des négociations intensives. »
Pour l’heure, sur l’ensemble des tables de négociations, les dépôts faits par le gouvernement ne refléteraient pas les discussions ni les propos lancés sur la place publique, selon les représentants syndicaux. Malgré tout, l’optimisme demeure au rendez-vous : « Un règlement est encore possible », estiment-ils. Souhaitant avant tout miser sur les discussions et les négociations, aucune date n’a encore été divulguée quant au moment où pourrait être déclenchée la grève générale illimitée des 420 000 membres représentés par le Front commun, faute de règlement en temps opportun.
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