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Retour16 avril 2025
Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca
La production aquacole terrestre dans la mire de la Zone Agtech
Innovation

©Photo gracieuseté
À l’ombre des projecteurs, la Zone Agtech s’anime peu à peu. Certains investisseurs sont déjà à l’œuvre à L’Assomption et Repentigny, tandis que d’autres entretiennent des discussions afin de tailler leur place dans ce projet d’envergure pour l’agriculture québécoise de demain. Récemment, deux ententes clés qui contribueront à renforcer la position du Québec et de la région de Lanaudière comme pôle d’innovation agricole ont été conclues.
La première implique la Caisse Desjardins Pierre-Le Gardeur, la Ville de L’Assomption et la Zone Agtech et se décline par une enveloppe de 1 M$ sur deux ans pour soutenir l’implantation d’entreprises. L’Aide financière Desjardins Zone Agtech pourra être octroyée sous forme de contributions non remboursables, de capital patient ou d’une combinaison des deux, en fonction du profil de l’entreprise et des besoins du projet. Il couvrira notamment des dépenses liées à la location de locaux industriels, à l’acquisition d’équipements, à l’aménagement d’espaces et à des frais professionnels de construction.
Opération séduction
Le montant maximal alloué à chaque entreprise variera selon plusieurs critères. « Par exemple, si c’est une entreprise très stratégique, qu’on veut vraiment avoir dans la Zone Agtech, — parce qu’elle amène beaucoup d’avantages au niveau de la création d’emplois à valeur ajoutée, de la valeur des investissements dans les technologies propres ou de la synergie qu’elle peut amener localement — on pourrait lui donner une aide financière un peu plus conséquente, bâtie sur mesure pour la convaincre de choisir la Zone Agtech », explique Marilou Cyr, directrice générale de la Zone Agtech.
Avec cette initiative, le premier écosystème géolocalisé en agtech au Canada cherche à attirer d’importants joueurs œuvrant dans les secteurs des technologies agricoles durables, des bioproduits végétaux, de la production en serres ou verticale, de la transformation alimentaire et des aliments émergents.
« On est fervent de production aquacole terrestre, car on importe vraiment beaucoup de poissons et de crevettes, révèle Mme Cyr. La crevette, les algues; ce sont des productions que l’on vise beaucoup. » Le poisson également. Cependant, les normes environnementales sont plus complexes, mentionne Marilou Cyr : « Les rejets sont assez importants au niveau du phosphore. On essaie de travailler des technologies qui permettent de maîtriser le phosphore pour pouvoir faire la production aquacole sur des sites plus urbains. »
Les futurs bâtiments érigés sur la Zone Agtech pourront aussi accueillir diverses productions agricoles, par exemple, des cultures de champignons ou des productions maraîchères en serres. La zone d’innovation sera aussi le théâtre de belles avancées technologiques ayant notamment pour but de permettre aux agriculteurs d’améliorer leur rendement tout en réduisant leur empreinte environnementale.
Robots agricoles, logiciels de culture, systèmes d’éclairage novateurs et drones pourront aussi voir le jour dans la Zone Agtech; tout comme des projets d’économie circulaire qui revaloriseront audacieusement les résidus agricoles.
Rivaliser avec la concurrence
Pour toucher à un financement, les entreprises devront présenter un projet déjà bien avancé. « On veut des entreprises qui ont déjà un prototype fonctionnel ou un prototype qui a été démontré dans un environnement d’utilisation réelle », soutient la directrice générale.
« La priorité sur laquelle on travaille, c’est d’aider les producteurs actuels à traverser la crise », poursuit-elle. Selon Marilou Cyr, de gros producteurs de tomates en serres ontariens se tournant vers le Québec en raison du contexte économique actuel mettent en péril la rentabilité des producteurs québécois en faisant chuter le prix de vente. La Zone Agtech espère donc pouvoir leur offrir « des solutions qui leur permettent d’être plus rentables, plus performants, plus innovants ».
Mme Cyr ne cache pas non plus que l’incertitude planant autour des tarifs douaniers du président américain Donald Trump met sur la glace certains investissements : « on avait un investissement de Suisse qui était confirmé. À cause des tarifs, ils ont décidé d’attendre, comme ils ne peuvent plus entrer aux États-Unis. ».
Partenariat stratégique
Néanmoins, tout n’est pas noir. La Zone Agtech misera pour le moment sur la multitude d’entreprises et de start-up innovantes québécoises pour constituer le noyau de son écosystème. De plus, une entente résolue avec Bayer et Axceta envoie un signal fort selon la directrice : « C’est une entente hyper stratégique parce qu’on a priorité sur toutes les entreprises du Canada et, surtout, ça envoie un signal mondial qui dit : malgré les tarifs aux États-Unis, Bayer a décidé de se développer au Québec et non aux États-Unis pour cette plateforme-là. »
Cette plateforme, c’est HortiView. Ultimement, elle connectera les technologies d’agriculture de précision et de serres pour améliorer la qualité des données numériques et la performance des producteurs. Grâce au partenariat ficelé avec Agtech, des investisseurs et producteurs québécois contribueront au développement de la plateforme ici même, à L’Assomption.
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