Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Justice

Retour

01 mars 2017

Le sort des présumés meurtriers d'Yvon Lafond est entre les mains du jury

JUSTICE. Après un procès de plusieurs semaines au palais de justice de Joliette, douze jurés devront déterminer si trois jeunes hommes sont coupables du meurtre prémédité d'Yvon Lafond à L'Assomption et de complicité après les faits.

Les jurés doivent commencer leurs délibérations jeudi, après avoir entendu les plaidoiries des avocats des deux parties mardi et mercredi.

Selon la théorie de la poursuite, l'assassinat d'Yvon Lafond le 28 juin 2013 était prémédité et les trois accusés de son meurtre, Richerson Paul, Keith Henry Asselin et Jetro Dejala, ont planifié leur passage à l'acte.

De leur côté, les avocats de la défense estiment que la preuve retenue contre leurs clients repose en grande partie sur de la spéculation et demandent leur acquittement.

Pas un hasard

La poursuite allègue que Paul Richerson et Jetro Dejala ont aidé Ketih Henry Asselin à tuer Yvon Lafond le soir du 28 juin 2013. Selon elle, la preuve présentée lors du procès ne laisse aucun doute quant à leur implication dans le meurtre prémédité d'Yvon Lafond.  

« Pensez-vous que c'est uniquement un hasard si quatre personnes de Montréal [les trois accusés et un individu mineur] se retrouvent dans un quartier résidentiel de L'Assomption? Ne pensez-vous pas qu'ils avaient un plan pour tuer une personne précise : Yvon Lafond? », a soulevé mardi le procureur de la Couronne, Me Marc-André Ledoux, lors de sa plaidoirie devant les jurés.

Criblé de balles

Le soir du meurtre, vers 19 h 35, Yvon Lafond était de retour chez lui, sur la rue Fontaine.

À peine descendu de son véhicule, il a été criblé d'une douzaine de balles. La majorité des balles l'ont transpercé dans le dos. Cinq d'entre elles lui ont été fatales, dont quatre au dos et un à la tête.

Il aurait rapidement été retrouvé étendu dans les marches avant menant à sa résidence par un voisin et le frère d'une voisine, qui seraient les premiers à être arrivés sur les lieux, selon leurs témoignages respectifs.

Selon eux, l'homme de carrure imposante n'avait déjà plus de pouls. Son décès a été constaté une heure plus tard à l'hôpital.

Arme au sol

Selon eux et des policiers venus témoigner au procès, une arme de type mitraillette se trouvait aux pieds d'Yvon Lafond. Tous ont juré de ne pas l'avoir déplacée.

Une douzaine de douilles de 9 mm ont été retrouvées près de la porte de garage et sur le terrain avant de la maison. Selon l'expert en balistique, ces douilles sont compatibles avec le pistolet saisi dans les escaliers. 

Un individu courait 

Les deux hommes ont témoigné avoir précédemment entendu des bruits sourds, l'un croyant que c'était des coups de feu, et l'autre croyant à tort que le bateau de son voisin était tombé. Ils ont tous deux affirmé avoir vu un homme noir courir vers la rue Toupin, une rue perpendiculaire à la rue Fontaine, après avoir entendu les bruits.  

L'un d'eux avait affirmé au procès avoir précédemment vu une joggeuse et un homme noir courir sur la rue Fontaine, tous deux en direction opposée, vers la rue Payette.

« [Quand il est revenu], c'était un sprint tandis que la première que je l'ai vu, c'était un jogging », avait-il relaté au sujet de l'individu.

Des bouts rouges

Selon la théorie de la poursuite, cet individu serait le tireur et serait Keith Henry Asselin, le seul des trois accusés grand et élancé qui correspondrait à la description qu'en auraient fait ces témoins.

La joggeuse avait de son côté témoigné avoir sprinté sa vie après avoir entendu des bruits semblables à des pétards, après qu'elle soit passée aux côtés d'une remorque stationnée devant la résidence d'Yvon Lafond.

En se retournant, elle a dit avoir vu deux bouts rouges sortir du bras d'un individu habillé en noir qu'elle serait incapable d'identifier.

Voiture interceptée

Moins de cinq minutes après l'heure alléguée du crime, un Chrysler 300 gris a été intercepté par la police dans la bretelle d'accès de la route 343 menant à l'autoroute 40 en direction de Montréal, à environ trois kilomètres de la résidence d'Yvon Lafond. À l'intérieur se trouvaient les trois accusés et un mineur qui ont été arrêtés.

Selon la poursuite, Jetro Dejala était le conducteur, Paul Richerson était passager arrière gauche et Keith Henry Asselin était passager arrière droit.

Ce même Chrysler 300 gris à bord duquel les accusés se trouvaient aurait été vu par des témoins non loin du lieu du crime, selon la théorie de la poursuite.

Parti rapidement

Une résidente de la rue Toupin aurait vu le véhicule circuler devant chez elle et aurait vu un jeune homme en descendre et courir vers la rue Fontaine.

Puis, cette même résidente aurait par la suite vu un homme noir s'engouffrer dans le véhicule, lequel aurait quitté les lieux rapidement par la suite.

Une autre résidente du quartier aurait aussi vu le Chrysler 300 partir rapidement et en aurait relevé le numéro de plaque et l'aurait donné à un policier. Lors de son témoignage, le policier avait affirmé que le véhicule intercepté avait le même numéro de plaque.

Balles trouvées

Lors de la fouille du véhicule, les policiers ont découvert deux sacs à dos, dont l'un contenait six balles non utilisées. L'une d'elles était de même marque et de même calibre que celles des multiples douilles retrouvées devant la résidence d'Yvon Lafond et que celles retrouvées dans l'arme à feu, selon la preuve présentée par la poursuite.

Voiture louée

Les policiers ont aussi retrouvé un contrat de location de véhicule signé par l'un des trois accusés, Jetro Dejala en date du 26 juin 2013.

Le contrat, présenté en preuve, décrit que le véhicule loué est un Chrysler 300.

Les policiers ont aussi saisi des vêtements de couleur foncée dans un sac de plastique, ainsi que des gants noirs.

Des photos cellulaires

Les policiers ont aussi saisi deux téléphones dans le véhicule, un iPhone et un BlackBerry.

Dans l'iPhone appartenant au mineur, des photos prises le 18 juin 2013 ont été extraites puis déposées en preuve. Ces photos montrent le mineur tenir ce qui ressemble à un chargeur, lequel, selon la théorie de la poursuite, possèderait des caractéristiques d'une arme du même type que celle qui aurait servi à tuer Yvon Lafond.

Une autre photo montre le mineur aux côtés d'un individu qui tiendrait une arme, laquelle présenterait des caractéristiques similaires à l'arme présumée du crime, toujours selon la poursuite.

Une photo de Paul Richerson qui aurait été prise quelques secondes après ces clichés a été extraite du téléphone puis déposée en preuve. Selon la poursuite, cette photo aurait été prise dans la même pièce.

« N'est-il pas raisonnable de croire que [le mineur] et Richerson Paul étaient en présence de l'arme [qui a servi au meurtre d'Yvon Lafond] 10 jours auparavant? », a questionné Me Ledoux.

Toujours selon les données extraites des cellulaires, une semaine avant le meurtre, le 21 juin 2013, l'individu mineur était à la recherche d'une voiture à louer.

Conversations

Deux jours avant le meurtre, celui-ci était entre autres en contact avec Jetro Dejala qui lui a fourni ses informations, dont son numéro de permis de conduire, pour la location de la voiture, allègue la poursuite.

« [Ces conversations] permettent de comprendre que [le mineur] a fait partie de l'organisation de la voiture, qui a été faite avec l'aide de Jetro Dejala », a argué Me Ledoux.

Un contrat de location saisi dans la voiture où les accusés et le mineur ont été interceptés à environ trois kilomètres de la résidence d'Yvon Lafond le soir du meurtre était daté du 26 juin 2013 et était au nom de Jetro Dejala, mais avec le numéro de téléphone du mineur, selon la preuve présentée par la poursuite.

Toujours le jour du meurtre, des conversations cellulaires auraient eu lieu entre Jetro Dejala et Keith Henry Asselin et entre le mineur et Jetro Dejala, selon des documents déposés en preuve.

Selon les ondes captées par des tours cellulaires, le cellulaire du mineur a été capté à 18 h 12 à Montréal et à 18 h 26 à Repentigny.

« Que s'est-il passé entre 18 h 26 et 19 h 35? Est-il raisonnable de penser qu'ils guettaient l'arrivée d'Yvon Lafond? », a questionné Me Ledoux.

Pure spéculation

Or, selon les avocats des accusés, la preuve de la poursuite est très mince et ne suffit aucunement à faire condamner leurs clients respectifs.

« Il n'y a qu'un seul témoin oculaire du meurtre, la joggeuse, et tout ce qu'elle a vu c'est un individu tenant son bras à 90 degrés et du rouge. Elle est incapable de reconnaître l'individu », a argué l'avocat de Keith Henry Asselin, Me Mathieu Rondeau-Poissant, qui a réclamé l'acquittement de son client.

Selon lui, lors de l'arrestation de son client, celui-ci portait des vêtements pâles, alors que l'individu qui a été vu par différents témoins portait des vêtements de couleur foncée.

« Si Keith Henry Asselin est sorti du véhicule, il n'a eu que quatre à cinq minutes pour se changer, plier le linge et le mettre dans le sac dans un véhicule qui circulait », a-t-il argué.

« Est-ce lui qui est sorti du véhicule? », a-t-il ajouté.

L'avocat a ajouté que « ça prend une arme pour commettre un crime et personne ne la voit », en se basant sur les témoignages de divers témoins.

Absence de preuve directe

Me Patrick Davis, avocat de Richerson Paul, a argué quant à lui qu'il y avait une « absence totale de preuve directe » permettant d'impliquer son client dans la préméditation et le meurtre d'Yvon Lafond.

Étant petit et trapu, Me Davis a affirmé que ce n'était certainement pas son client qui était sorti de la voiture ce jour-là, alors que des témoins ont rapporté avoir vu un individu grand et mince.

Il nie aussi l'implication de son client dans la planification du meurtre, alors que Richerson Paul n'a écrit aucun des messages tirés des cellulaires et produits en preuve.

Quant aux photos, il a affirmé que la preuve n'a pas été faite quant à savoir s'il s'agissait de la même arme qui a servi à tuer Yvon Lafond, d'une autre arme ou d'une imitation d'arme.

« Les photos ont été prises 10 jours avant [le meurtre] et de ça, on va vouloir dire qu'il s'est entendu pour tuer Yvon Lafond? », a-t-il questionné, arguant qu'il s'agissait d'une pure spéculation de la part de la poursuite.

« Qu'a-t-il fait pour aider l'auteur d'un meurtre? Elle est où la preuve? Elle est muette », a-t-il argué, ajoutant que la seule présence de son client à proximité des lieux du crime ne pouvait suffire à le déclarer coupable de meurtre au premier degré.

Pas assez précis

Quant au présumé conducteur et locateur de la Chrysler 300, Jetro Dejala, Me Danièle Roy, estime que le jury n'a pas assez de preuve pour tirer la conclusion que la voiture a été louée dans le but de commettre le meurtre d'Yvon Lafond.

Selon elle, le ton anodin des échanges entre son client et le mineur au sujet de la location de la voiture doit être pris en considération, tout comme la durée de la location qui était d'une semaine et le fait que l'accusé ait utilisé son nom et son adresse pour le faire.  

« Est-ce qu'on peut être trouvé coupable de meurtre pour avoir loué une voiture? J'espère que vous allez répondre que non », a-t-elle argué.

Comme ses collègues, l'avocate estime aussi que le portrait des évènements entourant le meurtre d'Yvon Lafond n'a pas été démontré assez clairement et assez précisément par la poursuite pour permettre de conclure que son client a prémédité et a participé à son assassinat. 

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web Repentigny - Caméléon Média