Intervention en itinérance | Collaborer pour mieux aider

Mira Béland, Stéphanie Gilbert et Marie Angeline Descartes. (Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau)
Mira Béland, Stéphanie Gilbert et Marie Angeline Descartes. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

« L’itinérance, c’est transversal. La communication permet de mieux servir la personne », disait la coordonnatrice de l’Équipe spécialisée en itinérance dans Lanaudière (ESIL), Tatiana Frenette-Erazo. En ce sens, plusieurs initiatives ont été mises en place dans les dernières années afin de favoriser la collaboration entre les différents acteurs appelés à intervenir auprès des personnes en situation d’itinérance, notamment au sein des services policiers.  

L’Hebdo Rive Nord a discuté avec l’équipe Concertation, Intervention, Déjudiciarisation et Désescalade (CIDD) à Repentigny ainsi qu’avec la nouvelle ressource dédiée à la santé mentale et à l’itinérance au Service de police de L’Assomption / Saint-Sulpice.

À Repentigny, bien que l’itinérance ait toujours existé, le phénomène est devenu plus visible pour les citoyens au cours des dernières années. En 2024, le Service de police et l’équipe CIDD comptabilisaient pour la première fois les appels en lien avec l’itinérance. Résultat : tout près de 400 interventions ont été effectuées.

« Les cartes d’appels ne représentent pas le nombre de personnes en situation d’itinérance qu’on a sur notre territoire, prévient toutefois Mira Béland, coordonnatrice clinique pour l’équipe CIDD.  Il y a beaucoup d’itinérance cachée, il y en a qui vont passer une fois sur notre territoire, il y en a qui sont là depuis des années, il y en a qui vivent dans leur véhicule, il y a du « couch surfing » ».

Unir les forces

Néanmoins, à Repentigny, au-delà de la quantification, on vise plutôt la concertation, l’union des forces de chacun, afin d’aider adéquatement cette population vulnérable. « C’est un enjeu de société plus grand qu’une ville, souligne Marie Angeline Descartes, adjointe à la direction générale, qualité de vie et relations avec le milieu, à la Ville de Repentigny. On reste proactif et à l’affût pour que le plus rapidement et le plus efficacement possible, en concertation, les gens puissent être redirigés vers d’autres solutions que dormir dans la rue. »

C’est là où l’équipe CIDD entre en jeu. Souvent aux premières loges des situations impliquant les personnes en situation d’itinérance, les patrouilleurs n’ont pas toujours le temps ou les ressources nécessaires pour leur offrir le bon accompagnement. « Nous, on peut prendre le temps de s’asseoir au parc, de jaser; demander comment ça va, si on peut faire quelque chose pour aider », explique Mira Béland. Avec l’accord de la personne et en respect de la confidentialité, les intervenants sont en mesure de communiquer certaines informations entre partenaires – travailleurs de rue, organismes communautaires, CISSS – afin de rattacher les itinérants aux services dont ils peuvent avoir besoin.

La cellule de froid extrême est un bel exemple du genre de collaborations qui se sont développées. En hiver, les itinérants de Repentigny peuvent être conduits à La Hutte de Terrebonne pour passer la nuit. « On a des organismes incroyables sur notre territoire qui font le transport le lendemain matin pour les ramener ici parce qu’ils savent que s’ils n’ont pas de transport pour revenir, ils ne voudront pas y aller », ajoute Stéphanie Gilbert, chef de division, soutien à la vie communautaire, à la Ville de Repentigny.

Pour une meilleure cohabitation

En brisant les silos qui existaient, on répond plus et mieux aux besoins de cette clientèle, constate-t-on, et ce, au bénéfice de tous. Car, l’un des autres grands mandats de l’équipe CIDD est la sensibilisation. Sachant que plusieurs stigmates perdurent autour du phénomène de l’itinérance, les acteurs qui gravitent autour des gens qui la vivent sont unanimes : une conversation sur la cohabitation sociale est essentielle. Les personnes en situation d’itinérance sont des gens comme les autres, à qui on peut parler, assure-t-on. Ainsi, les intervenants de l’équipe CIDD vont régulièrement à la rencontre de la population pour répondre à ses questions, la rassurer et l’outiller sur les gestes qu’elle peut poser.

Marie-Claude Drouin, agente dédiée à la santé mentale à l’itinérance au Service de police de L’Assomption / Saint-Sulpice. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idée que le Service de police de L’Assomption / Saint-Sulpice a créé dans les derniers mois un nouveau poste exclusivement dédié à la santé mentale et à l’itinérance, grâce à une subvention reçue du ministère de la Sécurité publique du Québec. « L’itinérance, il y en a eu, on en a vu, mais c’était plus de passage. Là, on a constaté qu’il y avait des gens qui résidaient à L’Assomption, leur réseau social était à L’Assomption, donc qu’ils restaient à L’Assomption et dormaient dans la rue », explique Marie-Claude Drouin. Policière à L’Assomption depuis plus de 20 ans, elle est à même de constater l’évolution et l’ampleur prise par le phénomène de l’itinérance dans sa communauté.

Filet de sécurité

À l’instar de la Ville de Repentigny, l’itinérance est récemment apparue plus évidente à la vue des citoyens de L’Assomption; générant ainsi un plus grand flot d’appels. « Les gens ne sont pas habitués à ça donc quand ils le voient, ils ont tendance à appeler. Certains nous appellent pour nous demander de les aider, d’autres pour dire qu’ils n’aiment pas ça », poursuit l’agente Drouin.

Si l’itinérance est un phénomène complexe pour lequel il n’existe pas de solution miracle à court terme, on comprend à L’Assomption la nécessité d’aller au-devant des personnes vulnérables, ne serait-ce que pour s’assurer de placer un filet de sécurité autour d’elles.

Grâce à sa présence terrain quotidienne, Marie-Claude Drouin œuvre à tisser des liens de confiance avec cette population qui mérite d’être entendue, mais aussi avec les citoyens, qui ont également leur rôle à jouer. « Le but c’est que tout le monde soit bien et qu’on réussisse à avoir une quiétude dans la cohabitation. »

Dans cette optique, l’agente Drouin a multiplié les rencontres avec les différents partenaires – travailleurs de rue, ÉSIL, villes voisines – depuis sa nomination, afin de s’inspirer des meilleures pratiques pour l’accompagnement, humain et empathique, des personnes en situation d’itinérance.

 

 

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