TOC TOC : L’œuvre de Baffie habilement adaptée à la sauce québécoise

  • Publié le 10 juill. 2025 (Mis à jour le 10 juill. 2025)
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(Photo gracieuseté - Émilie Lapointe)
(Photo gracieuseté – Émilie Lapointe)

TOC TOC, la comédie de l’été présentée au Théâtre Hector-Charland, à L’Assomption, arrive déjà à mi-parcours et l’Hebdo Rive Nord assistait récemment à la première médiatique. Aux rires qui résonnaient de part et d’autre de la salle à intervalles réguliers et à l’enthousiasme persistant de la foule après la tombée du rideau, force est de constater que l’adaptation québécoise de Pierre-François Legendre de l’œuvre française écrite par Laurent Baffie est efficace et réussie.

Plus tôt ce printemps, le metteur en scène confiait d’ailleurs à l’Hebdo Rive Nord avoir pris soin de remplacer toutes les références à Paris afin que le public se reconnaisse davantage à l’intérieur du récit. « J’ai travaillé ! J’ai passé des journées entières à trouver des insultes parce qu’il y a un personnage qui est atteint du syndrome Gilles de la Tourette (Pierre Brassard, alias Fred), qui profane des insultes à voix haute. J’ai vraiment passé quelques journées à traduire des insanités et ça m’a bien fait rire de passer par là », s’était rappelé en entrevue Pierre-François Legendre, l’air amusé.

(Photo gracieuseté – Émilie Lapointe)

Les jurons lancés à tout vent et les gestes obscènes impromptus de Fred ont en outre eu l’effet escompté sur le public en lui arrachant maints francs sourires et éclats de rire. Même au-delà des grossièretés, aucun détail n’a été laissé au hasard. Des routes traversées par le chauffeur de taxi Vincent (Marcel LeBoeuf), aux clins d’œil à notre culture télévisuelle, en passant par les expressions et les accents bien de chez nous; le metteur en scène a su broder une version à la fois cohérente avec l’esprit original de l’œuvre et la culture typiquement québécoise.

Soulignons également que la distribution composée de Pierre Brassard, Marcel LeBoeuf, Josée Deschênes, Brigitte Lafleur, Steve Gagnon et Marie-Soleil Dion est parvenue de main de maître à s’approprier cette version revisitée de l’œuvre de Baffie, tout comme le toc de leur personnage.

(Photo gracieuseté – Émilie Lapointe)

Quand les tocs explosent

Pour rappel, le scénario de TOC TOC s’articule autour des réalités contraignantes de six individus touchés par un toc différent. Ceux-ci se retrouvent dans la salle d’attente d’un célèbre psychiatre qui aurait le pouvoir de les « guérir » de leur toc. Alors que ce dernier tarde à se présenter pour répondre à ses patients dont la patience s’amenuise et l’anxiété s’exacerbe, les tocs se dévoilent, s’entrechoquent.

(Photo gracieuseté – Émilie Lapointe)

Si l’agacement des uns envers le toc des autres se fait rapidement sentir, particulièrement à travers le franc-parler du maniaque des chiffres, Vincent, et sa propension à reproduire les tocs des autres, la bienveillance revient vite au galop. Qu’ils profanent des injures, calculent tout, vérifient tout systématiquement, répètent incessamment, soient obsédés par le bon ordre et la symétrie ou se rendent malades à tout nettoyer; les six patients comprennent tôt qu’ensemble, ils peuvent enfin être compris.

Ce sentiment de sécurité ne laisse que davantage place à un hilarant laisser-aller où les tocs deviennent maîtres de la partie. Les expressions faciales horrifiées de Blanche (Brigitte Lafleur) à l’idée de se trouver à proximité d’un microbe et ses soudaines courses à la salle de bain, les acrobaties de Bob (Steve Gagnon) afin de ne pas poser le pied sur les lignes troublant la symétrie du plancher, les signes de croix de Marie (Josée Deschênes) fendant l’air à tout moment comme pour prévenir une imminente catastrophe, les sons et les phrases inlassablement répétées par Lili (Marie-Soleil Dion), la manie de tout compter « approx » de Vincent et les interventions aussi poignantes qu’inattendues de Fred rythment les échanges et donnent lieu à une parfaite chorégraphie ne laissant place à aucun temps mort.

(Photo gracieuseté – Émilie Lapointe)

Une pièce qui fait du bien

À quelques semaines de la grande première, Pierre-François Legendre disait : « Souvent la comédie n’est pas très loin du drame ». Et effectivement, il faut admettre que le comique trouve habilement sa place à travers des problématiques qu’on devine lourdes à porter au quotidien. Entre rire et compassion, le public peut l’espace d’un moment se laisser porter dans la légèreté, se reconnaître dans certains traits de personnalité et prendre les aléas de la vie avec un grain de sel.

« Je pense que je n’ai jamais ri comme ça dans une pièce de théâtre ! », pouvait-on entendre s’exclamer une dame à la sortie du théâtre, tandis que d’autres se laissaient aller à des calculs improvisés et scandés haut et fort de différents éléments croisant leur regard. Certains même se sont permis d’échapper un juron teinté d’humour en guise de témoignage de leur appréciation de la soirée.

Enfin, sans révéler l’issue de l’histoire, on peut dire que TOC TOC, en plus d’offrir un moment de divertissement assuré, propose une belle leçon d’humanité.

(Photo gracieuseté – Émilie Lapointe)

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