Frans Van Dun couche ses mémoires dans un ouvrage de 400 pages

À l’âge vénérable de 96 ans et sept mois, très exactement, l’Assomptionniste d’adoption Frans Van Dun publie « Passerelles L’Assomption : Récits d’immigrants et d’émigrants ». Tel un héritage qu’il souhaite laisser à la communauté et rien de moins qu’un testament pour sa famille, l’ancien enseignant et journaliste répertorie notamment des souvenirs marquants de son parcours d’immigrant au Québec.

S’il a voulu écrire ce livre, c’est d’abord et avant tout en marque de reconnaissance pour la communauté qui l’a accueilli, il y a de cela plusieurs années, a raconté le charmant et toujours rieur Frans Van Dun, en entrevue avec l’Hebdo Rive Nord. « Comme étranger, membre d’une minorité audible, j’ai toujours été considéré, à L’Assomption, comme quelqu’un comme tout le monde et j’avais oublié que j’étais immigrant », a confié l’homme d’origine belge, dans son charmant accent flamand.

Un lancement touchant

Plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées au Vieux Palais, à L’Assomption, le 19 août pour célébrer l’aboutissement de deux années de travail à mettre en commun des écrits rédigés sur plus de 40 ans et à pondre de nouveaux textes mettant en lumière l’immigration à L’Assomption et la richesse des liens qui se sont tissés entre les communautés.

Son épouse, Odette Thivierge, a agi à titre de maître de cérémonie. Dans un hommage senti, elle a ravivé de nombreux souvenirs de leur vie commune, rappelant ces traits de personnalité qui ont fait de M. Van Dun une figure marquante de L’Assomption.

Entre admiration, fierté et nostalgie, le public est demeuré attentif aux éloges de la famille et des proches pour M. Van Dun ainsi qu’aux anecdotes de nouvel arrivant du principal intéressé encore bien vif d’esprit. « Mon père a vraiment investi ses dernières énergies dans son livre. Rassembler ses écrits dans un livre qu’on pourra feuilleter, consulter dans de nombreuses années à venir, pour lui, c’était fondamental », a notamment souligné la fille de Frans Van Dun, Aïcha, avant de faire la lecture de quelques passages résumant l’essence de l’imposant recueil.

Sa petite-fille, qui a étroitement collaboré au projet, Malorie Harvey, a également adressé quelques mots à son grand-père : « Ce livre-là, c’est une invitation à créer des passerelles humaines et culturelles. Puis, je trouve ça beau que ça vienne d’un homme de 96 ans. Aujourd’hui, on pense que l’ouverture, ça ne vient que des jeunes, mais non. Ça démontre l’historique de L’Assomption; comment on est une ville d’ouverture, de tolérance, de bienveillance. On peut en être fiers ». La jeune femme a par ailleurs affirmé avec admiration qu’elle faisait le souhait de vieillir comme son grand-père, c’est-à-dire « allumée par des projets jusqu’à la fin ».

Hommages réciproques

Comme l’a mentionné Malorie Harvey, dans ses écrits, Frans Van Dun parle de passerelles comme des liens que l’on tisse avec les autres, sans égard aux origines, aux générations ou à la classe sociale. Cependant, le terme n’a pas été choisi au hasard. Il s’agit bien d’un clin d’œil à la toute nouvelle passerelle Van Dun-Richard, dont on retrouve la photo en couverture de livre.

Profondément touché par cet hommage rendu par sa ville d’accueil, M. Van Dun voit son livre comme un retour d’ascenseur de la bonté dont il a été témoin dès son arrivée dans la région. « Quand on a beaucoup reçu dans la vie, comme c’est mon cas, il faut aussi beaucoup donner », a-t-il rappelé.

« J’aimerais bien avoir comme prochain projet d’écrire mon livre mémoire et rendre hommage à la ville de L’Assomption que j’aime tant », avait-il mentionné au maire de L’Assomption, Sébastien Nadeau, lorsque les images préliminaires de la passerelle lui ont été présentées, sur un lit d’hôpital. « Il avait fait le souhait d’avoir le temps d’écrire son livre et de voir la passerelle. On est tellement chanceux que tout ça se réalise », a ajouté le maire, qui a accepté de signer la préface de l’ouvrage.

50 ans de mémoires

En plus des expériences qu’il a vécues lors de son arrivée dans la région, en 1972, Frans Van Dun a rassemblé dans son livre de nombreux extraits de chroniques et d’articles qu’il a rédigés au fil des ans dans l’Hebdo Rive Nord, puis dans L’Écrivain public; le journal local qu’il a fondé à L’Assomption. Ces écrits recensent des moments importants de l’histoire assomptionniste, mais surtout, ils se souviennent des gens qui l’ont marquée.

« J’ai voulu faire connaître certains immigrants remarquables et d’autres qui rayonnent à l’étranger comme Lise Cormier, Les Cowboys fringants, etc. », a précisé le vieil homme. En effet, une section du livre se consacre à dresser les portraits de ceux venus d’ailleurs qui se sont comme lui imprégnés de leur terre d’accueil et qui ont choisi d’y laisser leur marque et d’autres gens d’ici qui ont permis à L’Assomption de rayonner à travers le monde.