Loi 2 | Des cliniques lanaudoises risquent de fermer leurs portes

Dre Jolaine Sarrazin et Dre Annie Rivest cumulent respectivement 23 ans et 28 ans de pratique en médecine familiale. (Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau)
Dre Jolaine Sarrazin et Dre Annie Rivest cumulent respectivement 23 ans et 28 ans de pratique en médecine familiale. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Alors que les négociations autour des dispositions prévues à la Loi 2 auraient avorté entre le gouvernement du Québec et la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), des cliniques médicales de la région de Lanaudière lèvent le drapeau rouge. Des fermetures seront inévitables au-delà de la date du 1er avril, alors que le nouveau mode de rémunération des médecins entrera en vigueur.

Pour l’heure, les GMF Saint-Paul et des Affluents à Repentigny, la Polyclinique médicale Pierre-Le Gardeur à Terrebonne et le GMF Berthier–Saint-Jacques à Berthierville ont accepté d’exposer leurs craintes publiquement. Néanmoins, selon les docteures Annie Rivest et Jolaine Sarazzin, médecins de famille au GMF Saint-Paul, le son de cloche est le même partout chez leurs collègues de la région et des quatre coins de la province. « C’est généralisé. Il n’y a pas une clinique qui va survivre avec cette loi-là si elle est appliquée telle quelle », prévient la cheffe de la clinique du secteur Le Gardeur, à Repentigny, Annie Rivest.

Et ce n’est pas faute de bonne volonté, assure sa collègue, Dre Sarrazin; les comptes ont été refaits maintes et maintes fois. « On aurait aimé se tromper dans les chiffres. On ne veut pas fermer. Mais aujourd’hui on est dévasté parce qu’on ne voit plus de solution ». Seulement au GMF Saint-Paul, ce sont 27 000 patients qui se retrouveraient sans médecins de famille si la clinique devait mettre la clé sous la porte. Or, ce scénario devient de plus en plus probable.

Un modèle non-viable

Avec la baisse de revenu – estimée entre 30 et 50 % – qu’engendrera la Loi 2 pour les 20 médecins qui pratiquent à la clinique, il deviendra impossible pour l’équipe d’assumer les 1,5 M$ de frais annuels, dont 1,2 M$ sont assumés par les médecins, pour faire fonctionner l’établissement.

C’est ce qu’il en coûte pour acquitter les frais de loyer, d’électricité, du matériel informatique, des équipements de soins, des salaires des secrétaires et des infirmières; toutes des dépenses qui incombent aux médecins affiliés. « Dès le 1er avril, on ne sera pas en mesure de continuer à payer notre loyer avec les changements drastiques que va apporter cette Loi 2. Pour nos patients, c’est catastrophique », déplore Dre Rivest.

Alors que l’objectif de la Loi 2 était de donner accès à un médecin ou à un groupe de médecins à tous les Québécois, les docteures Rivest et Sarrazin s’expliquent mal ce qui est en train de se produire, alors qu’il semble y avoir consensus autour du fait que le modèle de rémunération proposé n’est pas viable pour les cliniques. « On a rencontré les élus, on a montré les chiffres. On ne nous a pas dit qu’on avait tort. On nous a dit « Attendez, on peut négocier. » Et là, on s’en va dans le mur », se désole Dre Sarrazin.

Le GMF Saint-Paul, où pratiquent les docteurs Rivest et Sarrazin, sera contraint de fermer si la Loi 2 entre en vigueur telle que présentée. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Des dommages difficilement réversibles

Alors que certains changements entreront en vigueur dans quelques semaines à peine, soit le 1er janvier 2026, l’hécatombe paraît de moins en moins évitable aux deux médecins. Départs précipités à la retraite, réorientation, absence de relève, exode du personnel de soutien vers d’autres milieux; les dégâts causés par le tsunami que s’apprête à déclencher l’application de la Loi 2 pourrait mettre des mois et des mois à être réparés, selon elles.

« Juste ici, on a cinq médecins en haut de 63 ans […] Ces cinq médecins-là qui vont partir, ça va fragiliser encore plus la clinique. Ton loyer, tu ne le divises plus par 20, tu le divises par 15. Et des nouveaux, il n’en arrive pas », hypothétise Dre Rivest. Déjà, la médecine familiale était boudée dans les facultés universitaires; laissant des places vacantes année après année. La situation actuelle ne fera qu’assombrir le bilan, croit la docteure Sarrazin. « Il y a une crainte réelle… les étudiants n’appliquent pas en médecine familiale », intervient celle dont les deux filles étudient présentement en médecine.

Au GMF Saint-Paul, il est minuit moins une. La fermeture n’est pas une menace, mais bien la triste réalité qui se dessine. « On a besoin de la population générale au Québec qui nomme haut et fort qu’ils vont perdre leur médecin, que ça va avoir un impact direct sur la santé des Québécois », implore Dre Annie Rivest.

Sans solution immédiate, les médecins de la clinique devront bientôt se résoudre à planifier la fin de relation avec leurs patients; une pensée qui les torture déjà.

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