Mode | Bibiane Sodokpa réalise un rêve

La créatrice Bibiane Sodokpa, en compagnie de ses modèles, lors du lancement de sa collection Métamorphose.  (Photo gracieuseté)
La créatrice Bibiane Sodokpa, en compagnie de ses modèles, lors du lancement de sa collection Métamorphose. (Photo gracieuseté)

Depuis toute-petite, Bibiane Sodokpa se voyait évoluer dans l’univers de la mode. Mais au Bénin, son pays natal, cette avenue professionnelle n’était pas valorisée. Si bien que l’idée de devenir une grande créatrice a vite été classée dans le tiroir des rêves inaccessibles. Le feu sacré ne s’est toutefois jamais vraiment éteint. La Lanaudoise d’adoption lançait récemment sa première collection de vêtements pour femmes, au Centre à Nous, à Repentigny.

Il aura néanmoins fallu plus qu’un changement de paysage culturel pour déconstruire les barrières à l’intérieur desquelles Bibiane Sodokpa avait reclus son rêve. Arrivée au Québec en 2012 avec l’idée que le moment était idéal pour débuter une nouvelle aventure et se réaliser, ce n’est pas ce qui s’est produit. « Il y avait déjà les croyances limitantes parce qu’en Afrique on disait que ce n’était pas un bon boulot », raconte Bibiane, en entrevue avec l’Hebdo Rive Nord.

(Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Cette idée qu’on a ancrée en elle dès son plus jeune âge la hante chaque fois qu’elle ose envisager une réorientation de carrière. Elle enchaîne donc les boulots avant de suivre une formation d’assistante technique en pharmacie qui la mène dans le milieu de la santé, comme l’avaient souhaité ses parents.

Inspirée par sa fille

C’est sa fille, sa muse, Alyzée, qui vient un jour tout changé. Même après avoir suivi une formation en mode et couture sur mesure, Bibiane Sodokpa n’avait pas osé se lancer. « Je n’étais pas encore convaincue. Je n’avais pas encore une idée claire de ce que je voulais créer », rapporte-t-elle, alors toujours convaincue qu’il s’agit d’une avenue qui ne lui est pas réservée.

Puis, l’inspiration qu’il lui manquait, la motivation qu’il lui fallait lui sont insufflées par sa toute jeune Alyzée : « Quand elle était petite, elle voulait toujours porter les mêmes accessoires que moi », explique Bibiane Sodokpa. Celle-ci se lance donc dans la création d’accessoires agencés mères-filles, tels que des chaussures et des sacs.

(Photo gracieuseté)

Surmonter les obstacles

D’emblée, l’exercice est ardu. La première usine à laquelle elle confie la production de ses créations ne répond pas à ses attentes. « C’était la catastrophe », résume-t-elle, ni plus ni moins. Malgré tout, la nouvelle créatrice ne baisse pas les bras; ce projet lui tient à cœur, ne serait-ce que pour faire plaisir à sa fille. Elle se met donc à la recherche d’une nouvelle usine pour produire sa collection.

Elle trouve finalement un endroit au Portugal; écoresponsable et qui correspond à tout ce qu’elle recherche. Ce deuxième essai s’avère le bon; celui qui lui redonne assez de confiance pour oser commercialiser ses créations. « Ça n’a pas fonctionné comme j’aurais voulu, donc ça m’a laissé face à mes insécurités, mes croyances », admet-elle toutefois.

En femme forte et résiliente, elle choisit de ne pas voir cet événement comme un échec, mais plutôt comme une occasion d’apprentissage « Cet insuccès m’a poussé à aller travailler sur moi, à travailler surtout sur mes croyances limitantes, parce que c’est un gros blocage dans la vie de tout être qui en a », confie la créatrice.

(Photo gracieuseté )

Rebondir

Quelque temps plus tard, c’est une nouvelle intervention d’Alyzée qui lui inspire une nouvelle idée; une seconde chance à saisir. « Ma belle Alyzée, je lui ai acheté un chandail et en voulant le porter, elle l’a mis comme une jupe. Le déclic s’est fait. Pourquoi on se limite à une seule tenue si on peut la changer, la moduler à sa guise? Pourquoi se limiter aux standards si la femme est mille facettes? », interroge Bibiane Sodokpa, les yeux brillants.

De là, elle se lance dans la création d’une collection de vêtements réversibles pour femme qui puissent s’adapter à toutes les situations et les envies de celle qui le porte. « Je voulais vraiment créer quelque chose d’original; qui fasse briller la femme », poursuit la créatrice. Un côté coloré de motifs vibrants rappelant sa culture africaine et un autre plus sobre pour s’adapter aux occasions qui l’exigent; Medessey Design était né.

Le début d’une grande aventure

Cette première collection baptisée « Métamorphose » propose une veste, une blouse, une robe, un pantalon et un sac conçus pour incarner à la fois liberté et élégance, style et confort, selon sa créatrice. « J’aimerais que toutes les femmes qui vont porter Medessey sachent qu’elles ne portent pas juste un vêtement, mais qu’elles choisissent d’oser rayonner, d’incarner leur unicité », souligne Bibiane.

Si sa relation avec la mode a jusqu’ici été ponctuée de hauts et de bas, Bibiane Sodokpa ne laisse pas les craintes miner son bonheur, bien au contraire. Pour elle, Medessey Design représente le rêve qui devient finalement réalité. « Chacun fait son chemin et tu ne sais pas quand ça va briller sur toi », aime-t-elle penser. Bien qu’elle sache que des défis se poseront encore sur sa route, la créatrice estime que l’authenticité dont elle sait aujourd’hui faire preuve la démarquera et que son tour viendra. D’ailleurs, Bibiane travaille déjà sur une deuxième collection.

 

(Photo gracieuseté)

 

Pour découvrir la collection Métamorphose : medesseydesign.ca.

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