Répartition policière | Repentigny tend la main à une communauté innue

Un agent de Uashat en compagnie d'un agent de Repentigny. (Photo gracieuseté - Ville de Repentigny)
Un agent de Uashat en compagnie d’un agent de Repentigny. (Photo gracieuseté – Ville de Repentigny)

Ce printemps, la Ville de Repentigny et son service de police annonçaient la conclusion d’une entente avec la Sécurité publique de Uashat mak Mani-utenam (SPUM); le corps policier d’une communauté innue de quelque 3500 habitants établie sur la Côte-Nord. En vertu de celle-ci, les appels destinés à la police seront bientôt répartis aux agents locaux à partir de Repentigny. L’Hebdo Rive Nord s’est entretenu avec la responsable du centre d’appels d’urgence 911, à Repentigny, Sylvie Garneau, afin d’en apprendre plus sur cette collaboration hors du commun.

Si la distance peut s’apparenter à un obstacle – environ 900 km séparent les deux communautés – tant du côté de Repentigny que de Uashat, on voit cette collaboration d’un bon œil. « On est bien outillés et c’est ce qui prime. Le travail professionnel qu’on fait tous les jours; on a pu le démontrer », constate simplement Sylvie Garneau. En plus de répondre aux appels d’urgence de la communauté repentignoise, le centre d’appels de Repentigny assure déjà la répartition pour un autre corps policier de la région ainsi que pour certains services d’incendies.

La collaboration avec la SPUM représente en ce sens un défi mesuré pour l’équipe qui possède toute l’expertise nécessaire pour répondre aux besoins de la communauté Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam (ITUM). « On a une belle ouverture aussi à Repentigny. Ça va complètement dans nos valeurs. » Cela dit, si Sylvie Garneau a pleinement confiance au potentiel de ses troupes pour assurer ce mandat d’une durée de 10 ans, les efforts n’ont pas pour autant été ménagés afin de préparer la collaboration.

« On a eu des formations, des conférences, entre autres d’Alexandra Ambroise, qui est une personne née à Uashat. Alexandra est venue nous parler de son vécu là-bas. Elle a été policière aussi pendant un certain nombre d’années, donc, elle a pu nous parler des réalités de sa communauté. On a aussi fait appel au Centre d’amitié autochtone de Lanaudière, pour nous aider à comprendre un peu mieux leur réalité. On est aussi allés sur place pour voir comment ça se passait; le territoire; comment les appels sont traités », souligne Mme Garneau.

Sylvie Garneau, responsable du centre d’appels 911, à Repentigny. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Moderniser les pratiques

Mais, si les destins d’Uashat et de Repentigny se sont liés, c’est d’abord que la communauté nordique éprouvait un besoin de moderniser ses infrastructures en matière de sécurité publique. « Tout ça découle de la Commission Viens (La Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics au Québec). À la suite des recommandations de cette commission, les services de police des communautés autochtones ont eu à améliorer leurs infrastructures », précise Sylvie Garneau.

« Lorsqu’une personne demande nos services, c’est un de nos patrouilleurs qui prend l’appel initial et qui prend les notes. Ç’a un désavantage, je vous dirais, parce qu’on n’est pas parti… Tandis qu’avec le système 911, pendant que tu es en route, tu reçois toute l’information que le service de répartition va avoir récoltée », indique Carl Jourdain, directeur de la SPUM et ancien patrouilleur.

Des représentants de la communauté innue, dont le directeur de la SPUM, Carl Jourdain, étaient de passage à Repentigny ce printemps. (Photo gracieuseté – Ville de Repentigny)

À son sens, ce nouveau mode de fonctionnement impliquant la Ville de Repentigny améliorera significativement l’efficacité de son service et du même coup la sécurité des citoyens. « En 2024-2025, on a ouvert 3000 dossiers et à travers ça, tu as d’autres appels, alors c’est plus élevé que 3000 appels [par année] », mentionne M. Jourdain pour illustrer le volume de travail qui incombe présentement les agents, en plus des interventions à réaliser sur le terrain.

Pour Sylvie Garneau, ce nouveau défi ravive les souvenirs : « Je l’ai vécu, d’arriver comme en renfort, parce qu’on enlevait ça de leurs épaules. » Au début de sa carrière, elle a en effet participé à la prise en charge des appels au Service de police de Le Gardeur – Charlemagne, il y a une trentaine d’années. Bien qu’ils ne soient pas policiers, les répartiteurs du 911 ont l’expertise pour bien comprendre les besoins, répartir les bons services et archiver l’historique des appels, expose Mme Garneau.

Les appels destinés à la police de Uashat mak Mani-utenam seront transférés aux agents du centre d’appels d’urgence 911 de Repentigny, qui relaieront ensuite l’information aux policiers sur le terrain. (Photo gracieuseté – Ville de Repentigny)

Les barrières de la langue

Enfin, bien que le partenariat se déroule dans la bonne entente depuis le tout début, certaines réticences et inquiétudes ont inévitablement effleuré les esprits de part et d’autre, particulièrement en ce qui a trait à la communication. « On nous a dit, et je pense que c’est la réalité, qu’il y a quelques aînés qui ne parlent pas vraiment français », partage la responsable du centre d’appels 911 de Repentigny.

« L’important pour nous, c’est d’arriver à avoir leur adresse. […] C’est la même chose ici. Parfois, les gens, ils n’ont pas le temps de nous dire ce qui se passe », rassure-t-elle. Dans le même sens, Carl Jourdain confirme que la langue n’a jamais réellement été un enjeu. Plusieurs policiers allochtones ont travaillé dans sa communauté au fil des ans. La majorité des gens de Uashat mak Mani-utenam parle aussi bien français qu’innu, et les cas d’exception parviennent à se faire comprendre avec quelques mots. Pour le directeur de la SPUM ce qui importe réellement est que les agents de Repentigny aient suivi les formations en matière de sécurisation culturelle afin que les interactions se déroulent de façon adaptée et respectueuse.

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