Soins spirituels | Transformer la douleur en douceur

Line Lévesque est intervenante en soins spirituels au CISSS de Lanaudière depuis près de 15 ans. (Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau)
Line Lévesque est intervenante en soins spirituels au CISSS de Lanaudière depuis près de 15 ans. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

En milieu de soins, la souffrance et la détresse sont omniprésentes. Chaque jour, le monde de quelqu’un s’écroule. Tout comme Michel Bolduc le fait, ceux et celles qui traversent des moments difficiles ainsi que leurs proches peuvent faire appel à un intervenant en soins spirituels qui écoutera leurs besoins, qui les aidera à faire des choix éclairés en cohésion avec leurs valeurs et à apprivoiser la réalité à laquelle ils sont confrontés. Regard sur une profession peu connue.

Line Lévesque est intervenante en soins spirituels au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière depuis près de 15 ans. À l’occasion de la Semaine de sensibilisation aux soins spirituels qui se déroulera du 19 au 25 octobre prochains, elle ouvre les portes de son univers à l’Hebdo Rive Nord.

« On est les seuls qui ont encore la possibilité de prendre le temps de s’asseoir, d’écouter, de donner des outils [de s’occuper] du côté humain », se réjouit-elle d’emblée. Jour après jour, Line Lévesque et ses collègues du service rencontrent, à leur demande ou celle d’un professionnel de la santé, les patients et les familles qui vivent de la détresse en lien avec l’annonce d’un diagnostic, les effets de la maladie, une prise de décision importante, le cheminement vers la mort ou toute autre situation de crise.

« Notre service est beaucoup avec la détresse et notre spécialité, c’est la mort », admet sans détour l’intervenante. Néanmoins, elle trouve beaucoup plus de lumière que de noirceur dans sa pratique. Elle puise, dit-elle, une richesse énorme des rencontres qu’elle fait. Michel Bolduc est l’une d’elles.

« Ça t’apprend toi-même à apprivoiser ta mort […] Un jour il faut savoir s’arrêter pour profiter de ce qui m’est prêté. Parce que la santé, c’est prêté, ce n’est pas acquis. Demain, ce sera peut-être moi qui serai assise à sa place », reconnaît la sexagénaire en posant son regard sur Michel Bolduc. Si elle a la chance de se nourrir lentement de ses expériences professionnelles, pour certains usagers, ce sera bien différent, en contexte de mortalité notamment.

« Souvent, on est obligé d’aider les gens à cheminer rapidement parce que parfois c’est très rapide », mentionne-t-elle en donnant à titre d’exemple des cas d’accidents vasculaires cérébraux majeurs ou d’accidents de la route. « Les gens ne sont pas à l’aise de parler de la mort. Lui, il est une exception », lance-t-elle avec un sourire à l’endroit de M. Bolduc.

L’intervenante en soins spirituels Line Lévesque accompagne Michel Bolduc dans son cheminement avec la maladie. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Soutien aux familles

Et au-delà du patient lui-même, c’est souvent auprès de la famille que les intervenants en soins spirituels doivent intervenir; les aider à accepter l’inacceptable. Elle précise : « Le côté religieux que plusieurs s’imaginent, il n’y en a pas vraiment. C’est même très rare ».

Avec M. Bolduc, par exemple, Line Lévesque a contribué à son cheminement pour apprivoiser la mort. Elle l’a accompagné dans tous ses besoins vers un départ serein; que ce soit pour ses préarrangements, la préparation des écrits qu’il souhaite laisser derrière lui, la gestion des symptômes de sa maladie – comme la perte de la mémoire à court terme – en notant ce qu’il ne veut pas oublier ou son approche vis-à-vis de la mort avec sa famille.

Le travail des intervenants en soins spirituels repose d’abord et avant tout sur l’écoute, révèle Mme Lévesque; l’intervention étant intimement liée aux besoins immédiats de la personne devant eux. En clair, il y a autant d’approches qu’il y a d’usagers. Line Lévesque donne quelques exemples : « Parfois, lorsque des enfants sont impliqués, qu’ils perdent un parent, on va faire une activité avec de la gouache pour qu’ils gardent l’empreinte du papa ou de la maman. On intervient aussi avec les parents qui perdent un enfant, en psychiatrie, en oncologie, en CHSLD, avec une clientèle qui perd son autonomie et la famille qui est obligée de placer ».

Laisser sa trace

Spontanément, Michel Bolduc résume : « Tu transformes la souffrance! » Il témoigne de l’importance que Line aura eue dans son parcours; nourrissant ses besoins psychologiques et spirituels d’une présence rassurante et bienveillante.

Visiblement touchée, Line Lévesque avoue que toutes les morts – ou les situations dans lesquelles elle est intervenue – ne soient pas faciles à affronter. « Je le vis bien parce que je ne le porte pas, explique-t-elle toutefois. Je ne peux pas le porter parce que ça ne m’appartient pas. »

Autant elle parvient à connecter avec la personne dans l’instant présent, autant elle souligne la nécessité de savoir déposer le tout, une fois son intervention achevée. Ce qui l’aide à y arriver : « Dans notre service, il y a un bien-être en soi de savoir qu’on a participé au cheminement. On sème toute notre vie, mais on ne sait pas ce qu’on a déposé », conclut celle qui dévoile avoir été quelquefois comparée à un ange.

 

 

Pour lire le témoignage de Michel Bolduc : Témoignage | Apprivoiser la mort quand on a tant aimé la vie

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