Témoignage | Apprivoiser la mort quand on a tant aimé la vie

Michel Bolduc a choisi de s’envoler le 22 octobre, en écho au numéro de son joueur de hockey préféré; Mike Bossy. (Photo Médialo - Marie-Christine Gaudreau)
Michel Bolduc a choisi de s’envoler le 22 octobre, en écho au numéro de son joueur de hockey préféré; Mike Bossy. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Michel Bolduc aime profondément la vie. À tout juste 73 ans, il lui resterait encore tant à faire. Malheureusement, le destin en aura décidé autrement. Le cancer, ce mal qui lui ronge les os, aura raison de sa vie, mais jamais de sa joie de vivre et encore moins de sa dignité. Michel Bolduc recevra l’aide médicale à mourir le 22 octobre, entouré des siens. Il se confie à l’Hebdo Rive Nord

C’est au salon des soins palliatifs de l’hôpital Pierre-Le Gardeur, un lieu paisible, à l’abri du brouhaha habituel des hôpitaux, que Michel Bolduc nous a accueillis le 24 septembre dernier. Durant près de deux heures, il se livre à cœur ouvert sur la mort qu’il apprivoise à petits pas et qu’il planifiait depuis un mois déjà.

Ce qui frappe lorsqu’on discute avec M. Bolduc, c’est la dualité entre cette manière si posée qu’il a d’aborder sa propre mort et son amour profond pour la vie. À la lueur dans ses yeux et à la résilience dans sa voix, on sent Michel Bolduc sincère lorsqu’il clame qu’il a eu une vie formidable et que, même si ce sera dur et que ça exigera du courage, il assume pleinement sa décision : celle de quitter ce monde « par la grande porte ».

À vrai dire, une aura lumineuse entoure Michel Bolduc. Il parle avec enthousiasme de ses voyages dans pas moins de 50 pays, des rencontres inspirantes qu’il a faites, de ses séjours en Floride l’hiver et de sa curiosité insatiable qui l’a mené à s’ouvrir sur les autres et sur le monde. Son énergie positive transcende l’espace, si bien qu’on peine à croire qu’il doit avaler jusqu’à 40 comprimés par jour pour rendre la douleur supportable et vivre une journée de plus.

C’est pourtant le cas. En juin dernier, on lui a diagnostiqué un myélome multiple logé dans sa moelle osseuse. Depuis, le cancer se propage rapidement. Cinq vertèbres de son dos se sont écrasées sous le poids de la maladie, nous apprend-il. Malgré tout, M. Bolduc se tient encore debout, mais il n’est pas dupe : « Ce qui m’attend, c’est tout négatif. Je vais descendre et descendre et je souffre déjà énormément ».

L’intervenante en soins spirituels Line Lévesque accompagne Michel Bolduc dans son cheminement avec la maladie. (Photo Médialo – Marie-Christine Gaudreau)

Partir comme il a vécu

Dans les circonstances, l’aide médicale à mourir s’est imposée comme l’avenue à choisir pour conclure son passage sur Terre comme il l’a traversé; dans la douceur, l’ouverture, la paix et la sérénité. « J’ai adoré ma vie et, là, je dois la quitter. Je ne la quitte pas parce que je n’aime pas la vie. C’est dur à comprendre. Je la quitte parce que mon corps ne suit plus », raconte-t-il. D’ailleurs, il insiste à multiples reprises sur le fait qu’il aime vivre, qu’il voudrait vivre. Cependant, s’il est condamné à partir, aussi bien le faire dignement, se dit-il.

« Un jour ou l’autre, je vais mourir. Pourquoi je ne choisirais pas un bel environnement avec ma famille et m’endormir ? Je sais bien que je vais manquer mon hockey, ma coupe Stanley; je suis un fou de ça! Je le sais bien que je vais manquer Noël, mais il faut que je meure. C’est bizarre de dire ça », expose Michel Bolduc avec une sagesse déconcertante.

Planifier sa mort

Dans cette tempête, le septuagénaire parvient à relever le positif. À l’hôpital, l’équipe médicale lui a bien expliqué comment la procédure se déroulera : « Il paraît que ça se fait dans la douceur. Mon visage va être serein, décrit-il. Ce n’est pas tout le monde qui a la chance de mourir comme ça ». Alors que sa santé lui glisse entre les doigts, Michel Bolduc se réconforte à penser qu’il aura eu le temps, avant son départ, de tout planifier; du don de ses biens, aux écrits à laisser à ses proches, en passant par les détails de sa dernière journée, les photos qui défileront et la musique qui retentira lors de ses funérailles.

Le 25 septembre, son équipe médicale lui accordait son congé afin qu’il puisse rentrer chez lui, à Saint-Roch-de-l’Achigan. En plus de mettre de l’ordre dans quelques paperasses, Michel Bolduc souhaitait avoir le temps de poursuivre l’écriture de son livre. Un projet qu’il nourrit depuis une dizaine d’années; un legs de ses expériences de vie pour sa famille. « Ils me libèrent pour me faire plaisir, mais je sais que je vais revenir. J’ai planifié des choses, mais je n’en ferai même pas 10 %. La maladie me gruge 50 % d’énergie, il paraît, mais moi je ne m’en rends pas compte. »

Face à l’inévitable, Michel Bolduc choisit de mordre dans chaque petit bonheur que la vie lui offre. Pour ses derniers jours, il mise sur des plaisirs simples : croquer dans une fraise, faire le plein d’amour et de belles conversations. Gageons que par-delà la mort, cette lueur qu’il diffuse, elle, ne s’éteindra jamais.

 

 

À l’hôpital Pierre-Le Gardeur, Michel Bolduc reçoit l’accompagnement d’une intervenante en soins spirituels, qui l’aide notamment à s’adapter à cette réalité qui s’est imposée à lui et à préparer son départ à son image. Découvrez les envers de ce métier peu connu ici : Soins spirituels | Transformer la douleur en douceur 

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