04 juin 2024

Marie-Christine Gaudreau - mcgaudreau@medialo.ca

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©Photo Marie-Christine Gaudreau

Thaly et Arnaud se plaisent à savoir que leur contribution au Jardin solidaire aura un grand impact pour plusieurs familles de leur communauté.

Depuis toujours, la mission des Collatines de L’Épiphanie est de permettre à tous les enfants de la communauté de bien s’alimenter, et ce, quel que soit leur statut social. Des collations saines, servies aux élèves à l’école trois jours par semaine, contribuent certes à la réussite éducative de ces derniers, mais la volonté d’en faire plus subsistait.

Un jardin ? Des arbres fruitiers ? Des œufs frais ? Et pourquoi pas du miel ? Un grand jardin solidaire par et pour la communauté; ne serait-ce pas la clé d’un demain où tous auraient des chances égales de manger sainement et à sa faim ?

D’un rêve semé au vent, naît maintenant la concrétisation d’un projet ayant le pouvoir de changer tangiblement les choses. Dès cette année, une cinquantaine de familles pourraient bénéficier des récoltes faites au champ, à L’Épiphanie. D’ici trois ans à peine, la productivité de ce lopin de terre maximisée pourrait décupler les résultats et permettre de venir en aide à un nombre encore plus grand de gens, en plus de rendre accessibles des produits frais et locaux au grand public.

Certes, il aura fallu patienter quelques années avant que les premiers plants ne s’enracinent et grandissent dans la terre, au bout de la rue Amireault. Mais, c’est finalement cet été que les premières récoltes auront lieu. La mise en activité officielle du Jardin solidaire se déroulait le 29 mai, avec la participation, entre autres, des élèves de l’école Des Rivières.

©Photo Marie-Christine Gaudreau

Les Collatines de L’Épiphanie lançaient les activités au champ en présence de quelques élus de la Ville de L’Épiphanie, du CRE Lanaudière et de Lynne Harpin, directrice du bureau de circonscription de François Legault.

« Ce qu’on aimerait, c’est nourrir 50 familles avec des paniers hebdomadaires complets. » - Daphné Bonarewitz, coordonnatrice des Collatines

Cultiver le savoir

Il faut dire que les enfants de L’Épiphanie sont le cœur de ce projet depuis le tout début. Dans les dernières années, ils ont été appelés à maîtriser l’art des semis, puis de la transplantation des plants en bac. Cette fois-ci, c’est plutôt au champ qu’ils ont eu la chance de transplanter les pousses qu’ils ont observées grandir depuis le printemps.

Durant l’été, les enfants inscrits au camp de jour participeront à l’entretien des cultures, puis la rentrée venue, les classes seront appelées à participer aux récoltes. « C’est un projet magnifique pour la communauté et pour l’éducation des jeunes », assure le maire de L’Épiphanie, Steve Plante. Regardant les jeunes mettre les mains à la terre au loin, celui-ci admet avoir beaucoup d’admiration pour cette initiative. « Il y a plusieurs aliments qui vont être donnés à des familles dans le besoin, mais en plus de cet apport, la base [du jardin solidaire] c’est d’apprendre aux nouvelles générations à cultiver et à développer une certaine autonomie alimentaire », constate-t-il. À son sens, il s’agit là de la plus grande richesse pour sa communauté.

©Photo Marie-Christine Gaudreau

La coordonnatrice aux activités des Collatines, Daphné Bonarewitz, en compagnie des élèves du groupe 601, Arnaud et Thaly.

Le plaisir d’aider son prochain

Et il se trouve que cette invitation trouve écho auprès des élèves, qui prennent plaisir à contribuer aux activités de jardinage. « On aime ça aider parce que les Collatines nous donnent des déjeuners, donc on veut les aider aussi », commence Arnaud, un élève de 6e année venu avec sa classe donner un coup de main aux Collatines, ce matin-là.

À ses côtés, Thaly renchérit : « C’est vraiment le fun de savoir qu’on va pouvoir aider d’autres personnes à pouvoir manger, à avoir de la nourriture faite par nos propres mains. » Tous deux n’en étaient pas à leur première expérience de jardinage puisqu’il s’agit d’une activité de prédilection qu’ils partagent avec leurs parents ou encore leurs grands-parents. Toutefois, de la pratiquer dans un esprit de communauté éveille quelque chose en eux.

« Il faut vraiment que tu prennes ton temps pour bien faire, parce que si tu vas trop rapidement, il y a des chances que ça ne marche pas », rapporte la jeune Thaly, démontrant le sérieux avec lequel elle aborde la tâche. Un concept auquel adhère aussi Arnaud. « Je trouve ça relaxant ! », s’exclame-t-il. Autant il apprécie faire le bien en participant au projet, autant celui-ci lui en procure.

©Photo Marie-Christine Gaudreau

La semaine dernière, plusieurs classes de l'école primaire Des Rivières, à L'Épiphanie, se sont rendues au Jardin solidaire afin de participer à la mise en terre des plants.

Par et pour la communauté

Ravie de leur enthousiasme, la coordonnatrice aux activités des Collatines, Daphné Bonarewitz, informe Arnaud et Thaly qu’ils pourront revenir au champ durant l’été; toute l’aide est bienvenue. À la fois surpris et enchantés, les deux amis ne cachent pas leur envie de voir leurs plants grandir. Ils reviendront, lancent-ils, avant de reprendre le chemin de l’école.

Ce sentiment d’appartenance semé dans l’esprit des jeunes constitue en soi une victoire pour Les Collatines de L’Épiphanie. « Le but c’est que la communauté s’approprie le jardin solidaire. On souhaite créer un comité citoyen pour le jardin afin que les gens puissent s’impliquer davantage et avoir envie de voir progresser le projet », mentionne la coordonnatrice.

Un jardin à maturité d’ici trois ans

Car, si le projet en est à ses balbutiements, le potentiel est très grand. Alors qu’une parcelle de terre est ouverte, « il y a un potentiel de six sections comme celle-ci sur trois ans », souligne Kassandra Martel, directrice générale du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Lanaudière. L’organisation qui a pris le projet sous son aile afin d’aider Les Collatines à lui donner son envol a participé à l’élaboration du concept du Jardin solidaire. En plus des légumes au champ, le projet inclus la plantation d’arbres et d’arbustes fruitiers, d’un champ de fleurs ainsi que l’aménagement d’un poulailler, d’un rucher, de récupérateurs d’eau et enfin d’une pergola pour accueillir les enfants et leur prodiguer des enseignements.

En termes de variétés, Daphné Bonarewitz explique avoir misé sur des fruits et légumes bien connus du public pour la première année d’opération, dans l’optique de répondre directement aux besoins des gens. « En revanche, ce qu’on veut faire avec Les Collatines, c’est d’intégrer des variétés à faire découvrir au gré des prochaines années », ajoute Mme Martel.

Il y a fort à parier que les tomates, concombres, poivrons et carottes auront un goût plus doux cette année à L’Épiphanie; un mélange de saveurs d’entraide, de générosité, de passion et de dévouement.

©Photo Marie-Christine Gaudreau

Monsieur Jardin transmet avec passion son savoir afin d’inculquer aux jeunes la bonne manière de prendre soin de son jardin.

Enseignant jardinier | Plus qu’un métier : une vocation

Acteur de l’ombre de ce projet solidaire, Jasmin Lafortune, mieux connu des enfants sous le nom de Monsieur Jardin, voue sa carrière depuis 10 ans maintenant à transmettre ses connaissances de jardiniers aux jeunes générations.

« On tisse un lien avec l’enfant; c’est ce qui me fait chaud au cœur », admet d’entrée de jeu l’enseignant qui a accompagné et accompagnera les élèves de l’école Des Rivières dans chacune des étapes du projet, des semis aux récoltes.

Au-delà de l’émerveillement et de la fierté d’avoir produit ses propres fruits et légumes ou encore des dégustations savoureuses qui en résultent, Jasmin Lafortune croit en la nécessité de sensibiliser les jeunes à l’impact que l’on peut avoir sur la qualité des aliments qu’on consomme.  

« Si le jardinier ne prend pas soin de réorganiser ses priorités en fonction de la météo, en fonction des différents facteurs, il ne pourra pas manger. […] De baigner les enfants là-dedans; l’importance de prendre soin et de se demander ce qu’il y a de plus important aujourd’hui, je crois qu’il y a une possibilité de créer un citoyen meilleur », évoque-t-il.

Monsieur Jardin poursuivra sa mission auprès de la relève cet été au camp de jour.

La distribution des paniers alimentaires débutera dès le début des récoltes, soit autour du mois de juillet. Les surplus, s’il y a lieu, seront vendus au local des Collatines chaque semaine.