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Cri du cœur de la population étudiante pour la rémunération des stages

  • Publié le 31 oct. 2023 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 4 minutes

Affligés par l’inflation et la hausse du coût de la vie, les étudiants stagiaires ont lancé un cri du cœur le mercredi 25 octobre. En effet, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), l’Association générale étudiante du Cégep régional de Lanaudière à L’Assomption (AGECRLA) et le Regroupement des étudiantes et étudiants du Cégep Joliette de Lanaudière (RÉÉCJL) ont uni leurs voix pour décrier la non-rémunération des stages étudiants dans de nombreux domaines, dont ceux de la santé, de l’éducation et des services sociaux.

Dans la région de Lanaudière, les étudiants en Soins infirmiers, Techniques d’éducation spécialisée, Gestion et technologies d’entreprises agricoles, Techniques d’éducation à l’enfance et Techniques en orthèses visuelles sont notamment de ceux qui doivent réaliser des stages obligatoires sans en tirer le moindre sou. Une réelle problématique, ont exposé les représentantes, lorsqu’on tient compte du temps à allouer au stage, aux cours, aux travaux, aux obligations personnelles et à un emploi rémunéré pour payer ses factures.

Selon les associations locales, de nombreux étudiants se retrouvent confrontés à choisir entre s’endetter pour compléter leur stage ou abandonner leurs études, n’étant pas en mesure de travailler pour subvenir à leurs besoins en plus de faire un stage exigeant jusqu’à 40 heures par semaine.

À L’Assomption, par exemple, la présidente de l’Association générale étudiante du Cégep régional de Lanaudière à L’Assomption, Malorie Harvey, est allée à la rencontre des étudiantes de 3e année en Techniques d’éducation à l’enfance. Elle a été consternée de voir que les futures éducatrices, la relève attendue dans un domaine lourdement affecté par la pénurie de main-d’œuvre, désertaient la profession avant même d’être diplômées, en raison des conditions difficiles.

« J’étais sciée en deux quand j’ai entendu les histoires de nos étudiantes cette semaine. Notre cohorte de 3e année en Techniques d’éducation à l’enfance, un groupe de 27 étudiantes il y a 2 ans, en compte désormais 10. Ces dernières ont persévéré non pas sans songer plusieurs fois à abandonner le programme qui les passionne, le troquant pour un rythme de vie respectable. Mais de ces 10, aucune ne prévoit rester dans l’éducation à l’enfance à long terme : elles savent que ce n’est pas une profession viable », a-t-elle lancé à l’attention de la députée de Repentigny et ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.

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Les représentantes de la population étudiante collégiale ont décrié le non-sens quant à la non-rémunération de nombreux stages en exposant la précarité à laquelle s’exposent les stagiaires.

Un impact sur la pénurie de main-d’œuvre

Même son de cloche du côté du Cégep de Joliette où Mégane Bourdon, présidente du Regroupement des étudiantes et étudiants du Cégep Joliette de Lanaudière, a recensé les témoignages des stagiaires non rémunérés. « Nos stagiaires sont surchargés et à bout de souffle. Tous les stages doivent être rémunérés, a-t-elle revendiqué. Le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter nuit aux étudiants et à leur réussite scolaire. »

Elle a d’ailleurs souligné que la plupart des programmes où les stages ne sont pas rémunérés étaient des domaines d’emploi majoritairement féminins, affectés par la pénurie de main-d’œuvre et accueillant de nombreux parents-étudiants en réorientation de carrière.

« Avant même d’entrer sur le marché du travail, on brûle les stagiaires », s’est-elle exclamée, prédisant un impact grandissant sur la pénurie déjà criante tant que le statu quo persistera.

Le salaire minimum : un minimum !

« Une recherche de l’IRIS est venue chiffrer les revendications menées par notre mouvement. Le verdict est qu’il coûterait 338 M$ pour rémunérer tous les stages du secteur public. Ce montant ne prend en compte qu’une rémunération au salaire minimum de nos stagiaires, mais une rémunération équivalente au montant versé aux stagiaires de la fonction publique serait à privilégier. L’État se doit d’être un employeur modèle et de rémunérer le travail de ses stagiaires à sa juste valeur », a pour sa part déclaré Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante collégiale du Québec. À l’approche de la mise à jour économique du gouvernement Legault, la FECQ s’attend à des actions concrètes de ce dernier pour apporter des solutions à cette « iniquité du réseau collégial qui perdure depuis trop longtemps. »

« Le salaire minimum, c’est le minimum de décence, le minimum d’estime; le minimum que ça prend pour que nos futures travailleuses ne croulent pas sous la pression de leur situation financière précaire », a fait valoir Malorie Harvey.

Des actions pour soutenir les étudiants

En attendant que leurs revendications se fassent entendre, les associations étudiantes ne restent pas les bras croisés. En effet, à L’Assomption, des initiatives sont sur la table pour améliorer les conditions des étudiants affectés, entre autres, par la hausse du coût de la vie.

Notamment, les étudiantes pourront bientôt bénéficier de la gratuité des produits d’hygiène féminine sur leur lieu d’études. Un grand projet sur le transport en commun en est également à ses balbutiements. « On commence à récolter les témoignages. On demande aux étudiants de prendre en note et de signer un document à chaque fois que leur autobus est en retard ou annulé », a expliqué Malorie Harvey. Par cette démarche, l’association étudiante désire prouver que la problématique en transport est bien réelle pour la population étudiante qui n’est pas en mesure de s’assurer d’être à l’heure à ses cours ou sur son lieu de stage lorsqu’elle doit se déplacer en transport en commun. Ultimement, une collaboration avec les organismes en transport est souhaitée afin d’offrir une réduction significative, voire la gratuité, aux étudiants. 

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