Joséphine Cotton se rappelle ses Noëls d’enfance

  • Publié le 6 déc. 2023 (Mis à jour le 23 mai 2025)
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À l’aube de son 103e Noël, Joséphine Cotton regarde par la fenêtre de sa chambre, au troisième étage de la résidence Marie-Rose à L’Épiphanie, la neige qui commence à tapisser le sol. Pleinement lucide, l’attachante dame de 102 ans a accepté de partager avec l’Hebdo Rive Nord quelques parcelles de souvenirs de ses Noëls d’enfance, mais aussi de sa jeunesse à L’Anse-au-Griffon, en Gaspésie.

« On s’amusait très bien quand on était jeune », lance-t-elle d’emblée. Joséphine Cotton se souvient d’abord du temps des Fêtes pour ses premières bordées de neige. Avec sa fratrie et les autres enfants du voisinage, elle profitait de l’épais tapis blanc pour glisser sur la colline qui s’élevait devant la maison familiale; un lieu empreint d’amour et de doux souvenirs. Un endroit dont elle se souvient comme si c’était hier et dont elle a pris soin d’immortaliser l’image sur une toile, peinte de ses mains. « C’est là que maman a eu ses 12 enfants. Il y avait quatre chambres à coucher en haut et une en bas. Il y avait un grand escalier et on était tous là », explique Mme Cotton, en pointant un tableau fixé au mur, bien en vue au centre de sa chambre.

Au quotidien, la maisonnée s’animait des rires de ces douze enfants. Et d’autant plus durant le temps des Fêtes, où la frénésie s’emparait des petits qui attendaient le Père Noël avec impatience. « Les enfants qui allaient à l’école recevaient des petits cahiers et des crayons. On avait des gilets et des petits bonbons aussi… Les enfants aimaient ça ! » Au petit matin, ils découvraient leurs surprises dans les bas de Noël alignés sur la rampe du grand escalier. « Il y avait un bas à chaque marche. »

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Joséphine Cotton a soufflé 102 bougies cet automne.

Petits bonheurs

Lorsqu’ils avaient de la chance, de la parenté leur rapportait de nouveaux jouets de la ville; des poupées de chiffon pour les filles et des voitures pour les garçons. De petits trésors, dont les enfants prenaient grand soin, se remémore Joséphine Cotton. « Les garçons rangeaient leurs autos en haut de l’armoire pour ne pas les briser ! » Les filles, quant à elles, s’occupaient de leur poupée comme d’un véritable enfant. « Maman avait acheté de la flanelle et elle nous avait fabriqué de petites couches. »

Néanmoins, ce sont les bonheurs tout simples qui éveillent en Mme Cotton un élan de nostalgie. « On était plusieurs. Ils ne pouvaient donner des 100 $ à tous les enfants », rigole-t-elle. La grosse dinde cuisinée par sa mère, les repas partagés avec ses grands-parents et la messe de minuit comptaient en contrepartie parmi les traditions réconfortantes et incontournables du temps des Fêtes.

« Comment y alliez-vous à la messe ? Il n’y avait pas beaucoup de voitures dans ce temps-là », la questionne sa fille Annette. « Certain ! Nous avions une belle voiture à deux sièges… avec des chevaux ! », de répondre du tac au tac, la doyenne de la résidence pour aînés. Celle qui assure avoir toujours gardé la foi se souvient que les enfants aussi allaient confesser leurs péchés : « On a fait de la peine à maman. On ne le fera plus », rapporte-t-elle.

Bien ensemble

De retour à l’instant présent, Joséphine Cotton précise que cette année, pour Noël, elle n’aura besoin ni d’argent ni de cadeaux. « Je veux voir les jeunes », insiste-t-elle. Mère de trois enfants, grand-mère de cinq petits-enfants et arrière-grand-mère de huit arrière-petits-enfants, la femme de 102 ans s’estime choyée d’être aussi bien entourée et surtout d’avoir la visite régulière de chacun de ses enfants; Annette, Gilles et Nathalie. « Il y en a beaucoup ici qui n’ont pas de visite. Je braille avec eux autres en bas », se désole son petit côté sensible.

Par chance, Mme Cotton sait être entre de bonnes mains. Infirmière retraitée, sa fille Annette est aux petits soins. « On va dîner ensemble, puis on va sortir prendre une petite marche dehors », se réjouit la centenaire qui se déplace encore avec assurance à l’aide de sa marchette.

De la Gaspésie à L’Épiphanie

Venue au monde en Gaspésie, Joséphine Cotton a vécu toute sa vie entre L’Anse-au-Griffon et le grand Montréal. Elle a quitté une première fois sa terre natale pour travailler. En temps de guerre, Mme Cotton s’est engagée dans la fabrication de munitions pour les soldats au front. Elle avait alors trouvé refuge chez sa sœur, à Longueuil. Chaque été, son amour de la Gaspésie la ramenait toutefois chez elle, où elle demeurait dans un camping, jusqu’à ce que ce ne soit plus possible pour elle. Maintenant plus près de ses enfants, la centenaire se dit épanouie dans son milieu de vie.

Et quel est le secret de sa longévité en excellente santé ? « Oh ! Je ne pense pas à ça. Je pense à moi; je pense aux enfants », décrit-elle, avant d’ajouter sur une note plus ludique : « Si je suis encore ici aujourd’hui, c’est parce que j’ai mangé beaucoup de poisson. Les médecins le disent. » Ce n’est pas impossible, remarque-t-on, lorsqu’on apprend que Joséphine Cotton est la troisième centenaire de sa fratrie.

Outre l’alimentation, Mme Cotton s’efforce de garder un cœur jeune en participant à toutes les activités proposées par la résidence et en faisant preuve d’un sens de l’humour encore bien aiguisé. Tôt le matin, elle descend au rez-de-chaussée pour prendre son petit-déjeuner et discuter avec les autres résidents. Pour garder son esprit vif, elle fait régulièrement des mots mystères. Enfin, elle prend bien soin d’elle. À temps pour les Fêtes, elle se fera une beauté en passant chez la coiffeuse. « On va boucler un peu. On ne sait jamais qui on peut rencontrer…! »

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