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03 décembre 2019

Sarah Élisabeth Aubry - seaubry@lexismedia.ca

La détresse psychologique chez les premiers répondants demeure taboue

Campagne « Garde un œil sur tes collègues!»

Policier et intervenante

©Photo Caroline Babin - Hebdo Rive Nord

Alain Benoît et Josée Bergeron se sont confiés sur leur projet sur lequel ils se penchent depuis un an. La campagne de sensibilisation « Garde un œil sur tes collègues! » a été bien accueillie par l’ensemble des organisations de la région.

Dans le cadre de leurs fonctions, les intervenants, les premiers répondants, les policiers et les pompiers sont confrontés à différentes situations, dont des drames humains. Leurs journées sont composées d’événements stressants et certains peuvent particulièrement être marquants. Dans l’idée de vouloir conscientiser les professionnels touchés par cette réalité, le Centre de prévention du suicide de Lanaudière (CPSL) lance la campagne « Garde un œil sur tes collègues! ».

La détresse psychologique chez les premiers répondants est entourée de tabous. Encore délicat comme sujet, on tend à briser les barrières et sonner l’alarme afin d’agir au moment opportun. Pour mieux comprendre le quotidien chez les policiers, le journal Hebdo Rive Nord est allé à la rencontre de l’agent sociocommunautaire du Service de police de L’Assomption/Saint-Sulpice, Alain Benoît.

Depuis plus d’un an, ce dernier travaille en collaboration avec l’Intervenante du Centre de prévention du suicide de Lanaudière (CPSL), Josée Bergeron, et d’autres intervenants pour consolider la campagne de sensibilisation.

Des superhéros 

« Il y a encore beaucoup de tabous pour les demandes d’aide chez les policiers », confie Alain Benoît. Pour lui, il est évident, les premiers répondants doivent être des superhéros et ne peuvent craquer sous la pression ou l’émotion. C’est du moins ce qui se dégage comme mentalité.

« Mais en fait, on est des individus comme tout le monde et on a le droit d’être atteint nous aussi », fait-il savoir. Ce dernier se rappelle avoir retenu une donnée pertinente lors d’une rencontre avec un service d’aide offert aux employés.

« Les policiers vivent en un an des évènements traumatisants que les gens ordinaires vivent en l’espace d’une vie », a-t-il retenu. La problématique s’accentue lorsque les traumatismes n’ont pas été guéris. L’important selon l’agent sociocommunautaire c’est de garder le contrôle. Quand les risques, la souffrance et des changements marquants prennent le dessus d’une personne, ce sont des signes que la détresse ou un stress post-traumatique perturbe son état.

Pour sa part, M. Benoît a été sensibilisé pour une première fois au choc post-traumatique via un programme de la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC). À leur tour, les policiers à L’Assomption sont appelés fréquemment à intervenir sur le territoire pour des cas d’état mental perturbé.

En 2017, on comptabilisait 138 appels et en 2018, 167 pour une hausse importante de 21%. « Le déplacement policier le plus sollicité au Québec dans les services de police du Québec, est pour les états mentaux perturbés », précise-t-il.

Policiers et intervenante

©Photo Hebdo Rive Nord – Caroline Babin - Hebdo Rive Nord

Alain Benoît et Josée Bergeron ont travaillé en collaboration pour sensibiliser les premiers intervenants sur les ressources disponibles liées à la détresse psychologique.

Rester à l'affût 

Si la population reçoit l’aide des policiers, sur qui à leur tour peuvent-ils compter? Être témoin de drames humains peut laisser des traces, c’est pourquoi l’outil mis sur pied par le CPSL rappelle d’être attentif entre collègues et partenaires, et de s’assurer d’intervenir et de les diriger vers les bonnes ressources.

Depuis 2018, un comité régional cerne avec des intervenants du CPSL les groupes à cibler dans le cadre de la Semaine de prévention du suicide. « On se rend compte que les premiers répondants vivent beaucoup de détresse », détaille l’intervenante au CPSL, Josée Bergeron.

Faire son chemin 

Jusqu’à présent, le sous-comité a créé des affiches et des aide-mémoires format poche pour rappeler aux premiers répondants qu’il existe des ressources. Selon Josée Bergeron, une grande majorité des organisations a été rejointe dans la région.

« Tous les milieux sans exception que nous avons contactés pour présenter le projet ont accueilli l’initiative à bras ouverts. Les gens du milieu étaient touchés qu’on puisse avoir pensé à eux », soulève l’intervenante. Une belle ouverture a été démontrée de la part de tous.

« Est-ce qu’on évolue et on enlève des stigmas autour de la santé mentale chez les premiers répondants? Quelque part, je pense qu’on a encore du chemin à faire, mais il y a des étapes de franchies », explique Alain Benoît.

Vivre ses émotions 

Ayant vécu différentes situations, mais l’une particulièrement plus difficile à ses débuts, Alain Benoît s’est senti impuissant et ébranlé. Un policier d’expérience l’a rassuré.« Il m’a dit fait ce que tu as à faire et va pleurer », se remémore-t-il. Se rappelant avoir reçu le support de son collègue, il s’est senti appuyé et a pu vivre ses émotions.

À travers ses formations, Alain Benoît a retenu l’importance de continuer à maintenir un lien avec une personne en arrêt de travail. L’idée est de prendre de ses nouvelles, ne pas la laisser seule à elle-même et partager des moments d’amitié.

« Il faut comprendre que le sentiment d’appartenance est assez important chez les premiers intervenants compte tenu de leur travail », explique Mme Bergeron. Le fait d’appartenir à un groupe vient aider la personne en détresse. Mais plus on agit tôt, plus on réduit les mesures disciplinaires et la détresse chez la personne atteinte. Tout se fait étape par étape.

Guide 

« Ce n’est pas une recette à tout coup qu’on a mise sur pied. Mais si on peut éviter des drames, on va être fier de nous », partage M. Benoît. L’objectif de cette campagne est de mettre en lumière que chacun a une responsabilité et une conscience, puis d’enlever les jugements autour de la détresse psychologique.

Pour rejoindre le CPSL, on téléphone au 1 866 APPELLE (1 866 277-3553).

Commentaires

12 décembre 2019

Article bien réel

A quand une porte unique pour tout les gens pris en charge les gens en état sévère de stress post postromantique sauvons des vies mentales et des proches qui portent secours merci

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