Une fascination pour l’humain transposée par l’art

Fort d’un parcours artistique s’étalant sur plus de 55 ans, le peintre et sculpteur Normand Moffat partage une rétrospective de ses 40 plus récentes années de carrière au Centre d’art Diane-Dufresne à Repentigny. Le public sera appelé à y découvrir des œuvres articulées autour de trois axes : la représentation du corps humain, l’intégration de l’alphabet symbolisant la connaissance et l’architecture comme lieu évocateur d’une narrativité.

S’intitulant « Transitions », l’exposition fait référence à ces moments de la vie où l’on avance et évolue explique M. Moffat. « Transitions est au pluriel puisque j’y présente plusieurs périodes de changement. Je travaille depuis longtemps. Il n’y a jamais eu de coupure dans ma carrière. J’ai une grande discipline. », précise celui qui a tout de même continué à travailler en tant que préposé aux bénéficiaires dans un hôpital pour gagner sa vie.

Usant de divers procédés techniques qui superposent la couleur et la matière, l’artiste crée des textures picturales qui donnent à ses œuvres une patine qui évoque le passage du temps. La diversité des matériaux utilisés, tels que la toile, l’acrylique, le papier, le contreplaqué, le bronze, la feuille d’argent et d’or magnifie le corpus d’œuvres de Normand Moffat et lui donne une pérennité.

Crédit : Renée-Claude Doucet
L’exposition « Transitions » de Normand Moffat est présentée jusqu’au 16 avril.

Partager une émotion

L’humain, dans sa complexité, demeure la source principale d’inspiration de l’artiste. « Je regarde les gens autour de moi. Je suis fasciné par leur vie, leur tristesse, leurs émotions… Selon moi, une œuvre artistique doit faire passer une émotion. », explique M. Moffat.

Symbole de sa démarche, l’artiste utilise une silhouette anatomique d’homme, qu’il reprend d’une création à l’autre. Plusieurs de ses œuvres mettent également de l’avant des moulages de mains et de pieds. « Ce sont les mains et les pieds de mes amis. »

Sur une note plus personnelle, M. Moffat partage ce tableau composé de deux toiles et représentant une cage thoracique brisée. « L’œuvre s’intitule « Le dernier souffle », c’est un hommage à ma mère qui est décédée à la suite d’un accident de voiture. Ce fut ma façon d’exprimer ma peine. J’ai ouvert le tableau pour prononcer l’aspect accidentel. »

Soutenu par l’architecture

L’architecture se place aussi au cœur de la démarche de l’artiste. « Pour moi, l’architecture est une forme d’art », indique-t-il. Plusieurs de ses œuvres renferment d’ailleurs des plans architecturaux, venant supporter son intention.

Par ailleurs, Normand Moffat a eu l’occasion de travailler sur l’aménagement de la station de Métro Saint-Michel, à Montréal, inaugurée en 1986. Il signe une murale enjolivant le quai d’embarquement.

Crédit : Renée-Claude Doucet
La maquette du projet de murale conçue par M. Moffat pour la station de Métro Saint-Michel.

Le souci de précision et l’importance que l’artiste accorde aux détails transparaissent dans chacune de ses créations. Ce désir d’aller au fond des choses, M. Moffat le dégage notamment de sa profonde admiration pour l’œuvre de Léonard de Vinci. « Il m’incite à aller plus loin. Il a lui-même étudié le corps humain… il dessinait les nuages pour mieux comprendre le vent, il dessinait les courants dans la mer, le mouvement des feuilles dans un arbre. Je suis un peu comme ça avec l’être humain… autant du côté psychologique qu’émotionnel. »

De plus, il y a ces lettres de l’alphabet, qui reviennent souvent. « Elles représentent la nourriture terrestre, mais aussi la nourriture de l’âme. »

« Nous sommes fiers de la venue de cet artiste de premier plan; une figure incontournable de la sculpture contemporaine au Québec dont les œuvres uniques sont empreintes d’une profonde réflexion sur la condition humaine », termine Martine Gendron, présidente de la Commission de la culture, du tourisme et du redéploiement du centre-ville de Repentigny.

L’exposition Transitions de Normand Moffat est présentée jusqu’au 16 avril. Tous les détails au : espaceculturel.repentigny.ca

EN BREF: 

Enfant, Normand Moffat dessinait beaucoup. Il raconte qu’il écoutait l’émission Bobino et prenait part au concours de dessins. « J’ai gagné quelques fois et je remportais des cadeaux; des crayons, des ballons… Ç’a m’a mis sur la piste et j’ai toujours continué. Même au secondaire, je dessinais; en géographie, par exemple, je dessinais les continents. » Puis, M. Moffat s’est tourné vers l’école des Beaux-Arts de Montréal, en 1967, il avait alors 17 ans. « Ce sont les plus belles années de ma vie. J’étais avec des étudiants comme moi. Au départ, nous étions tous timides… l’art nous a fait sortir de notre coquille. J’ai eu des enseignants extraordinaires qui m’ont beaucoup aidé à m’extérioriser. »